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Credencial, creanciale, carnet de pèlerin ... de quoi le pèlerin doit-il se munir ? A quoi ce document va-t-il servir ? Son origine remonte aux lettres de créance, les passeports de jadis, mais son utilisation moderne pour justifier de la qualité de pèlerin auprès du bureau des pèlerinages de Compostelle n'est pas datée avec précision. En 1982, une simple feuille volante, couverte des tampons du parcours, suffisait pour être recu par le chanoine responsable de ce bureau qui ne délivrait que 182 Compostela dans l'année. Aujourd'hui le ton monte parfois quand des touristes fraîchement débarqués de leur car, sans carnet ni tampons, s'offusquent de ne pas obtenir ce fameux certificat. Heureusement une attestation leur est délivrée qui satisfera leur besoin d'un souvenir tangible de leur visite inoubliable au tombeau de l'apôtre.
L'origine du carnet de pèlerin est mal connue.
Elle remonte sans doute aux sauf-conduits et lettres de créances de jadis
et s'apparente aux passeports qui justifient de la nationalité de leur
porteur.
Il a pu s'agir dans certains cas d'obtenir
un droit exceptionnel d'entrer en Espagne. Ces
exceptions
faites
pour les pèlerins ont pu être nécessaires quand les frontières étaient
fermées pour cause de guerre,
comme par exemple pour le pèlerinage organisé par Charles Pichon
en 1938. Aujourd'hui il ne s'agit plus d'autorisation spéciale pour passer
la
frontière mais de se faire reconnaître comme pèlerin tant
pour bénéficier de certains droits spécifiques de logement
ou de restauration que pour obtenir le certificat de pèlerinage. Il semble
que
la pratique d'authentifier systématiquement les pèlerins a été instituée
par
la
Société des
Amis
de
Saint-Jacques
qui,
dès
sa
création
en 1950, fournissait à ses membres un simple papier (français et espagnol) recommandant
le pèlerin aux autorités civiles et religieuses. Ci-contre le modèle encore
utilisé en 1982. Il en existe aujourd'hui de nombreux modèles qui se sont
notablement compliqués. | |
une page de tampons de l'année 1982 |
Quel que soit le modèle, nous utiliserons le terme général de carnet de pèlerin. Ce carnet (en espagnol credencial) sert à justifier de votre qualité de pèlerin. Muni de tampons à chaque étape, le carnet sera une preuve de votre itinéraire. Mais toute série de tampons prouvant la chronologie de votre marche servira tout aussi bien de preuve. Il vous permettra de recevoir à Compostelle la "Compostela", certificat officiel délivré par le Bureau des pèlerinages de la Cathédrale aux personnes qui le demandent. En effet pour obtenir ce certificat il faut prouver avoir parcouru au moins les 100 derniers kilomètres à pied de façon continue (ou 200 à bicyclette) et déclarer avoir fait le pèlerinage dans un esprit de piété (pietatis causa). Un autre document est remis à titre de souvenir aux personnes qui ne souhaitent pas faire cette déclaration ou n'ont pas effectué ce dernier parcours (comme par exemple ce pèlerin suisse parti de Berne à pied mais contraint par un accident de s'arrêter à 120 km de Compostelle et de terminer en autobus). Cette pratique manifeste le peu de cas que font les chanoines de Compostelle du "grand pèlerinage" des pèlerins qui viennent de loin, oubliant la tolérance médiévale qui admettait qu'un pèlerin épuisé puisse s'arêter à l'église Saint-Jacques de Villafranca del Bierzo sans perdre le bénéfice de son pèlerinage. |
Certains gîtes en Espagne ne sont ouverts qu'aux pèlerins munis de leur carnet de pèlerin qui trouve là sa véritable justification, mais ce n'est pas systématique et ce carnet n'ouvre aucun droit.
Il existe un grand nombre de modèles de carnets de pèlerin, le plus répandu est celui édité par la cathédrale de Santiago mais chaque association de pèlerin a fait le sien pour marquer son originalité. En 2001 un modèle commun a été adopté par une vingtaine d'associations françaises. Le Bureau des pèlerinages de la cathédrale envisageait de proposer un modèle unique à partir de l'année sainte 2004. Ce qui aurait été bien s'il avait pu être vraiment international. Son adoption aurait été un beau témoignage d'une volonté d'unité. Nous pouvons encore en rêver. En 1998, l 'Eglise catholique de France a créé son propre carnet sous le nom de créanciale. Voici ce qu'en dit le site officiel de l'Episcopat : Le pèlerinage vers le tombeau de l'apôtre St Jacques attire
beaucoup de monde. Occasion de vivre une démarche personnelle, une recherche
et des rencontres. Certains le vivent dans un esprit évangélique : laissant
place à la prière, en lisant l'Evangile, vers un lieu de mémoire chrétien,
à la recherche du visage du Christ, et dans un esprit de conversion répondant
à l'appel du Seigneur. Ceux-là demandent à leur Eglise d'accompagner leur
démarche. Une créanciale leur est alors remise, signe du soutien de
la communauté chrétienne à leur démarche. C'est dans leur paroisse,
ou auprès du service diocésain des pèlerinages, ou de la pastorale du
tourisme, que la créanciale peut être obtenue. relevé le 20 juin 2003 sur le site officiel de l’Eglise de
France Nous sommes très sensibles à une démarche
de dévotion et de conversion, conscients de l'intérêt
de la marche au long cours pour en développer des conditions favorables.
(Ce qui nous fait d'autant plus regretter le manque d'intérêt
de l'Eglise de Compostelle pour cet aspect du pèlerinage). Mais
nous sommes inquiets à la lecture de ce texte. Trop de personnes
ont aujourd'hui tendance à distinguer entre "vrais" et
"faux" pèlerins, chacun ayant ses critères :
il y a le vrai pèlerin qui "marche
sur les sentiers" tout en faisant transporter son sac et les
fausses pèlerines qui
portent leurs sacs, mais, elles, "marchent sur les routes" ... comme
nous avons pu l'entendre. | |
En 1982 chaque halte "du chemin" ne se souciait pas d'avoir un tampon original ! |
Le carnet de pèlerin peut être obtenu à Saint-Jean-Pied-de-Port pour ceux qui y passent. Il est, le plus souvent, délivré par des associations*, qui le considèrent comme une recommandation donnée à la personne qui le reçoit. En échange de cette recommandation, les associations proposent au demandeur d'adhérer à l'association et d'appporter ainsi sa contribution à la vie du mouvement jacquaire. Cette adhésion n'est pas obligatoire. L'Eglise et certaines associations attachent une grande importance aux conditions de délivrance du carnet. Elle est une occasion de rencontre et d'échange entre ancien et futur pèlerin (c'est le dénaturer que le délivrer comme un document administratif). Cependant demander le carnet de pèlerin n'implique pas d'engagement sur les motivations pour prendre le chemin. Cela engage à cheminer dans le respect et la tolérance vis-à-vis des autres pèlerins et dans un esprit d'ouverture aux motivations de chacun.
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* A propos des associations. Faites votre chemin ! |
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