Accueil mise à jour le 10 septembre, 2005 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente

Turpin, archevêque de Reims

Histoire de Charlemagne et de Roland

L'Histoire de Charlemagne et de Roland attribuée à l'archevêque Turpin de Reims se présente en latin sous deux formes distinctes, une forme brève et une forme longue qui ont été publiées par Cyril Meredith-Jones dans Historia Karoli et Rotholandi ou Chronique du Pseudo-Turpin, Paris, Droz, 1936. Elles possèdent en commun la majeure partie du texte et la version longue ne diffère de la version brève que par un certain nombre d'adjonctions aisément reconnaissables. La traduction ci-après, - la première en français moderne depuis le milieu du dix-neuvième siècle - est établie d'après la version longue, qui figure dans le Codex Calixtinus.

La Fondation David Parou Saint-Jacques a pris l'initiative de faire publier une traduction intégrale et des commentaires du Codex Calixtinus réalisés par Bernard Gicquel, professeur honoraire à l'Université du Maine, auteur de l'article ci-dessous. Ce livre donne les informations les plus détaillées et les plus récentes actuellement disponibles en langue française sur ces sujets.

 

La légende de Compostelle a été publiée par les éditions Tallandier.
Elle est disponible en librairie depuis le 6 juin 2003. ISBN : 2.84734.029.7, diffusion Seuil. prix 27 Euros. Pour nous aider, commander ce livre ici.

Vous trouverez ci-dessous le début de cette traduction.
Les personnes souhaitant le texte intégral de ce Pseudo-Turpin le trouveront dans le livre ci-dessus
les adhérents à la Fondation David Parou ont accès à une lecture comparée des deux versions.

Epître du bienheureux Archevêque Turpin à Léoprand


Charlemagne au siège de Pampelune
dessin J. Michel

Turpin, par la grâce de Dieu archevêque de Reims et compagnon assidu de l'Empereur Charlemagne en Espagne, à Léoprand, doyen d'Aix-la-Chapelle, salut en Notre-Seigneur.

Puisque vous m'avez demandé naguère, quand j'étais à Vienne, encore un peu souffrant des cicatrices de mes blessures, de vous écrire comment Charlemagne, notre très illustre Empereur, a délivré de l'oppression des Sarrasins le pays d'Espagne et de Galice, je n'hésite pas à affirmer comme étant hors de doute les détails de ses hauts-faits admirables et ses triomphes dignes d'éloges sur les Sarrasins d'Espagne, que j'ai vus de mes propres yeux pendant quatorze ans au cours desquels j'ai parcouru l'Espagne et la Galice avec lui et ses armées, et à les adresser au frère que vous êtes. Les grandes choses que fit le roi en Espagne, ne sont trouvées divulguées de manière suffisante dans aucune chronique, et, comme vous me l'avez écrit, le frère que vous êtes n'a pu les trouver intégralement. (Autre version : En effet, comme vous me l'avez écrit, vous n'avez pu retrouver publiées intégralement dans la Chronique royale de Saint-Denis les merveilles accomplies par l'Empereur en Espagne. Ou bien leur grand nombre aurait mené l'auteur trop loin, ou bien n'ayant pas été en Espagne, il ne les a pas connues. Comprenez qu'elles n'y sont aucunement consignées intégralement et que pourtant le présent volume ne les contredit jamais.)
Vivez bien portant et agréable au Seigneur. Amen.

Chapitre I. Comment l'Apôtre apparut à Charles

Jacques, le très glorieux Apôtre de Jésus-Christ, fut le premier, dit-on, à prêcher l'Evangile en Galice quand les autres apôtres et disciples du Seigneur se dispersèrent dans tous les pays du monde. Plus tard, lorsque l'Apôtre eut été mis à mort par le roi Hérode et que son corps eut été transporté par la mer jusqu'en Galice, ses disciples évangélisèrent celle-ci. Mais ensuite, les Galiciens, tyrannisés par leurs péchés, abandonnèrent la foi chrétienne et retombèrent sous la loi païenne, jusqu'au temps de Charlemagne, Empereur des Romains, des Français, des Germains et d'autres peuples.
Ce même Charlemagne, après avoir accompli tant de travaux dans tant de pays de l'univers, après avoir conquis grâce à l'aide de Dieu et par l'invincible puissance de son bras tant de royaumes, l'Angleterre, la France, la Germanie, la Bavière, la Lorraine, la Bourgogne, l'Italie, la Bretagne et d'autres pays, ainsi que des villes innombrables de l'une à l'autre mer, les avoir arrachés aux mains des Sarrasins et soumis à la foi chrétienne, lassé de ce rude labeur et de ces efforts, décida de ne plus commencer de guerre et de se donner du repos. Aussitôt il vit dans le ciel une sorte de chemin formé d'étoiles qui commençait à la mer de Frise et, se dirigeant entre la Germanie et l'Italie, entre la Gaule et l'Aquitaine, passait tout droit à travers la Gascogne, le pays basque, la Navarre et l'Espagne jusqu'en Galice, où reposait alors incognito le corps du bienheureux saint Jacques. Après avoir vu plusieurs fois de suite ce phénomène, Charles ne cessa de se demander ce qu'il signifiait.
Alors qu'il avait l'esprit plongé dans ces pensées, un héros lui apparut en songe pendant la nuit, d'une beauté si merveilleuse qu'on ne saurait l'exprimer et lui dit : "Que fais-tu, mon fils ? - Qui êtes-vous, Sire ? demanda celui-ci. - Je suis, dit-il, l'Apôtre Jacques, le disciple du Christ, le fils de Zébédée et le frère de Jean l'Evangéliste, celui que, sur le lac de Galilée, le Christ a daigné choisir, par une grâce ineffable, pour prêcher sa foi aux peuples, celui que le roi Hérode fit périr par le glaive et dont le corps repose inconnu dans la Galice opprimée jusqu'à présent par les Sarrasins. Et je m'étonne fort que toi, qui as conquis tant d'Etats et de villes, tu n'aies pas encore délivré ma terre des Sarrasins. C'est pourquoi je t'annonce que Notre-Seigneur, qui t'a fait plus puissant que tous les rois du monde, t'a choisi entre eux tous pour préparer mon chemin et délivrer ma terre des mains des Moabites, afin que te soit réservée la couronne de la récompense éternelle. Le chemin d'étoiles que tu as vu dans le ciel signifie que tu iras d'ici jusqu'en Galice avec de grandes armées combattre cette race perfide de païens, libérer mon chemin et ma terre, et visiter mon église et ma sépulture. Et après toi, tous les peuples y viendront en pèlerinage de l'une à l'autre mer, implorant du Seigneur le pardon de leurs péchés, proclamant les louanges de Dieu, sa force et les miracles qu'il fit. Ils y viendront depuis le temps de ta vie jusqu'à la fin de ce siècle. Mais maintenant, pars au plus vite, car je serai ton secours en toutes choses. A cause de tes travaux, je demanderai pour toi au Seigneur une couronne céleste et ton nom sera honoré jusqu' à la fin des temps.
C'est ainsi que le bienheureux Apôtre apparut trois fois à Charles. Après l'avoir entendu, Charles, confiant dans la promesse de l'Apôtre, rassembla de nombreuses troupes et entra en Espagne pour y combattre la race perfide.

Chapitre II. Les murs de Pampelune tombent d'eux-mêmes.
Chapitre III . Noms des villes espagnoles
Chapitre IV. L'idole de Mahomet
Chapitre V. Les églises qu'éleva Charlemagne
Chapitre VI . Aigoland
Chapitre VII. Exemplum de l'aumône faite par un mort
Chapitre VIII . La bataille de Saint-Facond où les lances reverdirent
...
Chapitre XXXIII. Le miracle que Dieu daigna faire par Roland devant la ville de Grenoble.

La propriété intellectuelle du contenu de ce site est protégée par un dépôt à la Société des Gens de Lettres

Page précédente

haut de page

Accueil