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Pierre Duménil,
originaire de Bar-le-Duc, entreprit son premier Chemin le 1er avril 1998
pour parcourir le Camino
Francès. Arrivé à Compostelle, il se voit pris dans une
spirale, à l'image
de celle formée par le serpent qu'il a sculpté sur son bourdon.
Entraîné
dans cette spirale, il parcourra plus de 10 000 Km sur les chemins de
Compostelle.
Son esprit curieux et son souci de retrouver un patrimoine fragile l'avaient
conduit à créer à Bar-le-Duc dans les années 1970, un salon du vieux
papier. Il avait eu le plaisir d'y découvrir au printemps 2003 un exemplaire
de la première édition de 1938 du Guide du Pèlerin.
Soucieux de mieux connaître l'histoire du pèlerinage, il s'intéressait à la
Fondation dont il appréciait les travaux. Il y avait adhéré en octobre
2003 à l'occasion
de la rencontre d'Orléans. Son
chemin s'est définitivement
terminé en
janvier 2004. En son souvenir, son épouse Ghislaine nous a communiqué
le texte d'une conférence qu'il avait prononcée en avril 2003. Nous en
publions des extraits avec quelques photos de lui. Elle a aussi fait don à
Denise Péricard-Méa de l'exemplaire de 1938 du Guide du Pèlerin
qui a été versé aux archives de la Fondation. | |
Mon bâton, je l'avais confectionné et sculpté en
1998. Taillé dans un bois d'acacia, arbre hautement symbolique. Coupé à 1,618
m, le nombre d'or, comme me l'avait conseillé Henri Vincenot dans son
livre Les étoiles de Compostelle. L'arbre que l'on appelle communément
acacia dans nos régions est le robinier. J'avais taillé le pommeau,
sculpté une coquille, emblème des pèlerins, les armes
de Bar-le-Duc et sa devise : « plus penser que dire», la Croix
du Christ. Même si je doute de son Eglise, je crois en lui. A 1 m du
sol, la poignée, la bourse qui contenait ma pierre, celle que l'on
dépose à la Croix de Fer. La croix de Lorraine, le compas et
l'équerre (emblèmes maçonniques). Enfin le serpent, la
vouivre, serpent mythique. Ce serpent en spirale autour du bâton matérialisait
pour moi ce mouvement d'éternel recommencement. Comme la spirale, l'homme évolue
autour d'un axe invisible et tout puissant, qui constitue à la fois
sa source et son aboutissement. Enfin, tout en bas de mon bâton, le
ferré. Je l'avais récupéré sur un vieux plantoir,
souvenir de ma mère, depuis plus de 25 ans retournée à la
terre, le symbole de la terre mère. |
Pourquoi je suis parti la première
fois le 1er avril 1998, « pourquoi pas ? » aurait dit Charcot.
Je suis incapable de dire ce qui a motivé ce voyage. Peut être
une certaine envie de me dépasser, de changer de ma routine de tous
les jours. Je venais d'avoir 60 ans et de prendre ma retraite,
alors pourquoi pas Compostelle ? Je ne sais toujours pas pourquoi
je suis parti comme tous
ces autres pèlerins. Qu'est-ce que je cherche : Dieu, le Grand Architecte
? Priant ici, dans une modeste église romane ou assis, fatigué sur
le bord d'une piste caillouteuse. Ce sont donc quelques six Chemins de Compostelle que depuis ma
retraite je me suis mis à parcourir. Soit plus de 12 mois de pérégrination
et plus de 10 000 km à pied. Ne lit-on pas sous la plus d'Erasme
dans L'éloge de la folie : « il faut être fou pour
aller à Saint-Jacques » et pourtant j'étais passé dans
le débredinoir. |
J'ai regardé mon bâton, le serpent me regardait avec un sourire ironique. La spirale m'indiquait que j'étais dans un cercle vicieux : aboutissement d'une circonvolution ou point de départ de la suivante ? |
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6- Pourquoi ne pas pousser jusqu'à 10000 km
? C'est
le challenge que je me suis mis en tête. | |
Le chemin de Compostelle est un chemin
d'initiation véritable comme je l'ai dit, au quadruple plan, physique, moral, philosophique
et spirituel et dont on ne revient pas identique à ce qu'on était
au départ. En cela ce chemin a une proximité étroite
avec le cheminement maçonnique. Faire ce chemin, arriver au
but est un privilège qui nous crée et nous constitue
après nous avoir reçus en cheminant. Donc, comme tous
nos anciens, nous essayons d'obéir au Devoir qui est le nôtre
de témoigner au seuil du troisième millénaire
de la présence et de l'actualité du chemin. | |
J'ai regardé mon bâton, le serpent me regardait.
Aboutissement d’une circonvolution ou point
de départ de la suivante ? 7- La seule chose que je ressente et que j'ai comprise c'est que je dois recommencer, si bien que ma quête continue. Oui je vais me remettre en chemin, recommencer
dans quelques jours (3 avril 2003), je recommencerai mon cheminement
par un
autre chemin. Le 13 avril, je partirai avec Ghislaine mon épouse,
pour remonter de Séville au sud de l'Espagne jusqu'à Compostelle
par le chemin de la Plata. ... Quelques 1 000 à 1 100 km...
ci-contre, don Pedro sur le chemin de
la Plata |
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Sur le chemin de la Plata |
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