Accueil | mise à jour le 6 mai, 2010 | Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. | survol du site | Page précédente |
Où l'histoire d'un toponyme Saint-Jacques
mène à l'histoire d'un homme,
laquelle renvoie à l'histoire d'une confrérie…
Nicole Lartigue-Menant et son mari achètent en 1987 une demeure presque en ruine dans le Haut-Anjou, dont seules l'épaisseur des murs et
une immense poutre de chêne laissaient présager une longue histoire que Nicole cherche à connaître. Elle commence en lisant tout
simplement ses actes de propriété, qui lui révèlent que cette maison et le terrain alentour dépendaient d'un couvent dédié à Notre-Dame des Anges et portaient le nom de " domaine Saint-Jacques ".
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Pierre de Rohan Pierre de Rohan, maréchal de Gié, guerrier, diplomate fut
conseiller des rois Louis XI, Charles VIII et Louis XII. Il consacra sa
vie à la réunion de la Bretagne à la France (Bon français et mauvais
breton, dit-on de lui). En 1505, un procès pour haute trahison arrêta
sa carrière. La tradition familiale de ce pèlerinage à Compostelle émerge
seulement au XVIIIe siècle. C'est bien tard, elle mérite le crédit qu'on
peut accorder à une tradition … mais sans preuves historiques. Né en 1451
à Mortiercrolles (Mayenne, cant. Craon, cne. Saint-Quentin), près du hameau
des Anges (Maine-et-Loire, cne. L'Hôtellerie-de- Flées, cadet de la famille
de Rohan-Guéménée, elle-même branche cadette des Rohan en Bretagne. Par
sa mère, Marie de Montauban, petite-fille de Bonne Visconti, proche parente
d'Isabeau de Bavière, il est petit-fils de l'amiral de Montauban, collaborateur
et ami de Louis XI. Par son père, il est petit-fils de Duguesclin. Sa
famille est en disgrâce à l'avènement de Pierre II de Bretagne pour avoir
trempé dans l'assassinat de Gilles de Bretagne, frère du duc. C'est pourquoi
Pierre naît hors de Bretagne. Rien dans cette vie officielle n'indique un pèlerinage à Compostelle Pierre de Rohan et le pèlerinage Il adopte la coquille comme pièce héraldique et en entoure ses armoiries. Il la donne à ses hommes d'armes, la place sur son fanion, la sculpte sur les murailles de ses châteaux. La housse de son cheval, dit un historien du XVIIIe siècle était : " chargée de son blason, des macles de Rohan et de ses alliances d'Evreux, de Navarre et de Milan. Autour de la housse et de la pièce de devant, on voit souvent la lettre F (initiale de sa femme ?) entremêlée avec des coquilles : je ne sais ce que cela veut dire… Sa statue équestre est sur la porte du château… il porte le collier de l'ordre de Saint-Michel. Il est revêtu de son blason, partout environné de coquilles… Cela parait avoir quelque rapport avec la devise du maréchal, Dieu gard de mal le Pèlerin(1) " Effectivement, Pierre de Rohan est membre de l'ordre de Saint-Michel et, s'il fut pèlerin, ce fut sans doute au mont Saint-Michel. Dans son testament daté de 1509 il recommande son âme à Dieu, à la Vierge et à " M. saint Michel, M. saint Pierre et M. saint Jacques, mes patrons et avocats ". Trois saints, trois grands sanctuaires de pèlerinage, le Mont-Saint-Michel, Rome et Compostelle. Mais aucun pèlerinage n'est demandé dans ce testament(2) Marques pèlerines sur ses châteaux o Le château de la Motte-Glain, sur les marches de Bretagne. Pierre de Rohan pèlerin de Compostelle ? Une tradition enjolivée au fil des siècles " Confrérie des pèlerins de Saint-Jacques chez les Cordeliers fondée en l'honneur des pèlerinages et des croisades par le maréchal de Gié, … à son retour d'un voyage à Compostelle ".(5) Pourquoi cette tradition ? La dévotion à saint Jacques est manifeste dans
la vie de Pierre. S'il avait fait le pèlerinage avant 1505, il est vraisemblable
que cela aurait été mentionné dans les pièces de son procès. L'a-t-il fait
pendant sa période de disgrâce ? Nous sommes là dans le domaine de la supposition
que la famille peut retenir, mais pas l'historien : en 1511, les statuts
de la confrérie sont refaits, des listes de confrères sont conservées mais
le nom de Pierre de Rohan n'y figure pas. La famille a-t-elle eu d'autres
raisons ? Lui faut-il oublier la tache infamante du procès ? Oublier aussi
que plusieurs de ses membres ont été protestants ? Une histoire, née au XIXe siècle, est venue étoffer cette tradition. L'éditeur de la chronique de Joseph Grandet (1646-1724), l'a ajoutée en note en citant sa source, elle-même du XIXe siècle.(6) Cette histoire est localisée près du château du Verger, au lieu-dit " la fosse à Agnès " où se dresse la Croix au chien, dite aussi " obélisque de la Belle-Croix " . : " Pierre de Gié, au retour d'un pèlerinage à Compostelle, perdit un chien qu'il aimait beaucoup. Au bout de quelques mois, le chien retrouve le chemin du Verger, se précipite sur le maréchal et meurt de fatigue et de joie. A l'endroit, le maréchal fit inhumer l'animal et élever un petit obélisque dont on voyait encore les ruines en 1857 " D'où vient cette information ? Sans doute d'une belle histoire montée par
un curé du lieu, René Tattigné (curé de 1819 à 1857) qui fit restaurer ce
monument et le fit surmonter d'une croix. Auparavant il y aurait eu à la
base un bas-relief sculpté représentant un chien couché aux pieds de son
maître. Ne serait-ce pas un symbole de fidélité sur une tombe à une belle
Agnès inhumée là ? (7)
Notes :
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Bibliographie : Nicole Lartigue-Menant et Denise Péricard-Méa 1998-2001 |
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