Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
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Vers Compostelle, le chemin de La Corogne

En 2005, notre correspondant en Galice Pablo Nogueira a publié un article : « Vers Compostelle : le chemin de la Corogne », in Le chemin, la route, la voie. Figures de l’imaginaire occidental à l’époque moderne, Paris, PUPS, p. 262-271. Il l’a refondu pour nous, en apportant des précisions tirées de sa thèse de doctorat, ce qui permet de mieux mesurer l’importance des pèlerinages par mer. Il n’est pas peu surprenant de constater combien la cathédrale de Compostelle était impliquée dans ce commerce maritime.

Si les pèlerins venus à Compostelle par les chemins terrestres n’apparaissent pas aussi nombreux qu’on a bien voulu le dire, ils semblent en revanche avoir souvent emprunté des voies maritimes. Contrairement à la marche éprouvante qui durait souvent des mois, la traversée la plus longue n'excédait pas quinze jours. Pratique, la traversée avait pourtant un inconvénient majeur : l'inconfort. Cependant, à partir du XVIe siècle, le perfectionnement des navires améliora quelque peu le confort des passagers[1].

Les navires débarquaient essentiellement des pèlerins anglais, irlandais, scandinaves, allemands et français sur les côtes galiciennes[2]. L'une des premières licences autorisant le transport de pèlerins anglais jusqu'aux côtes de la Galice remonte à l'an de grâce 1235[3] Ce document témoigne des bonnes relations qui existaient alors entre l’Eglise catholique et ses fidèles anglais sous le règne d’Henri III d’Angleterre, au cours duquel se déclencha une longue guerre civile qui favorisa la poussée de l’aristocratie. Des groupes de pèlerins scandinaves partaient vers Compostelle en plein automne, afin de passer l'hiver en Galice, où le climat est bien plus clément qu'en Scandinavie. Aux XIIe et XIIIe siècles, après avoir visité le tombeau de l'Apôtre, la plupart de ces pèlerins scandinaves partaient en croisade contre les musulmans en Terre sainte. Ils longeaient alors la côte portugaise, puis doublaient le cap de Saint-Vincent pour poursuivre leur chemin jusqu'en Palestine[4]. Les croisades étaient également un genre de pèlerinage. En 1217, on sait que des navires de croisés allemands et hollandais, qui mouillaient dans le port de Domnund, mirent le cap sur le Portugal, afin de lutter contre les Maures qui occupaient Lisbonne. Ils firent escale à La Corogne pour se rendre à Compostelle, où ils demandèrent à saint Jacques de leur accorder la victoire sur les infidèles. Après avoir rendu hommage à l'Apôtre, ils revinrent à La Corogne, où ils embarquèrent à destination de Lisbonne[5].

En 1378, on sait que des pèlerins allemands partis du port de Danzig débarquèrent à La Corogne et continuèrent leur pèlerinage jusqu'à Compostelle. Sur le chemin du retour, ils furent attaqués par des pirates anglais. Pendant l'abordage, trois membres d'équipage furent tués et le capitaine fut blessé. Les pirates détroussèrent avec brutalité les pèlerins, mais leur laissèrent la vie sauve[6]. En 1473, quatre navires de pèlerins allemands partis du port de Hambourg débarquèrent aussi à La Corogne pour se rendre à Compostelle. À l'aller comme au retour, ils ne furent pas attaqués par les pirates, car les voies maritimes étaient alors plus sûres[7]. Au cours de la seconde moitié du XVe siècle, on dénombre 84 navires de pèlerins qui firent escale dans la ville portuaire de La Corogne[8].

Parmi les pèlerins français qui partaient au printemps par mer vers Compostelle, on comptait de nombreux Bretons, Angevins et Alsaciens au cours du XVIIe siècle[9]. A leur arrivée en Galice, ils découvraient le paysage doux de cette contrée montueuse tournée vers la mer et découpée en rías - golfes profonds -, dont les eaux étaient bien plus calmes que celles qui les avaient accompagnés pendant leur traversée[10].

[1] Denise Péricard-Méa, Par mer à Compostelle, Dans les pas de saint Jacques, Tallandier, 2001

[2] En Angleterre, les principaux ports de départ vers Compostelle étaient ceux de Plymouth, Bristol et de Winchelsea ; en Irlande, le port de Cork était très fréquenté par les pèlerins irlandais ; en Scandinavie, les ports de Reykjavik, Stavanger, Gôteborg et Ribe faisaient la liaison avec le port de La Corogne -Vicente Almazán, « Las vías marítimas de peregrinación a Santiago de Compostela de los países escandinavos » in Actas del Congreso de Estudios Jacobeos (Santiago de Compostela, 4-6/11/1993), Santiago de Compostela. Xunta de Galicia, 1995, p. 19-27-; en Allemagne, les ports de Hambourg, Danzig et Dortmund embarquaient les pèlerins pour l'Espagne et en France, les principaux ports de départ vers Compostelle étaient ceux de Nantes et de Brest.

[3] Voir Walter Starkie, « Santiago, Inglaterra e Irlanda » in Santiago en la historia, la literatura y el arte : curso de conferencias organizado por el Colegio Mayor Universitario de La Estila en el año santo compostelano de 1954, Madrid, Editera Nacional, 1954, vol. II, p. 91-111 et Constance Mary Storrs, Jacobean pilgrims from England to St James of Compostela, from the early twelfth to the late fifteenth century, Santiago de Compostela, Xunta de Galicia, 1994.

[4] Voir Vicente Almazán, Gallaecia scandinavica : introducción ó estudio das relacións galaico-escandinavas durante a Idade Media, Vigo, Galaxia, 1986.

[5] Archives Municipales de La Corogne, Documentos Sueltos.

[6] Ibidem.

[7] Ibidem.

[8] Ibidem. Sur les côtes escarpées de la Galice, le port de la ville de Noia, surnommée « la petite Compostelle », et celui de Padrón, où se serait échouée miraculeusement la barque qui transportait la dépouille de saint Jacques, étaient aussi très fréquentés par les pèlerins.

[9] Voir Vicente Almazán, Alsacia jacobea : introducción al estudio de las peregrinaciones alsacianas a Santiago de Compotela (historia, literatura, arte), Vigo, Nigra, 1994. Les pèlerins strasbourgeois, qui se rendaient à Compostelle, s'arrêtaient à Saint-Odile (Alsace), qui était aussi un lieu de pèlerinage qui attirait des foules de fidèles. Ces derniers se lavaient la figure dans la source miraculeuse qui, dit-on, faisait recouvrir la vue aux non-voyants dont la foi était inébranlable.

[10] Voir Ma del Pilar de Torres Luna, Los caminos de Santiago y la geografía de Galicia : rutas, paisajes, comarcas, Santiago de Compostela, Xunta de Galicia, 1995.

Le droit de mouillage, source de revenus pour la cathédrale de Compostelle

Les navires de pèlerins qui mouillaient dans le port de La Corogne s'étaient préalablement acquittés du droit de mouillage dont l'unique bénéficiaire était l'archevêque de Compostelle. Ce droit était une source de profits considérables pour la cathédrale. En 1434, plus de 14.000 maravédis furent ainsi recouvrés. D'autre part, la cathédrale de Compostelle avait des agents de renseignements dans la ville de La Corogne, capitale politique de la Galice, tandis que Compostelle était la capitale religieuse du royaume galicien. Ces derniers informaient par courrier le doyen et le chapitre de la cathédrale des paiements qui étaient dus à l'archevêque[11]. A la lecture de ces courriers, on constate que les sommes dues étaient payées, dans l’ensemble, en temps et en heure, bien qu’il y eût quelques mauvais payeurs. Les agents de la cathédrale ne demeuraient en moyenne pas plus de sept ans dans la ville de La Corogne pour éviter les ingérences délictueuses. Ils étaient ensuite rappelés par les autorités ecclésiastiques de la cathédrale et pouvaient être envoyés à la Cour d’Espagne ou bien à Rome, où la cathédrale de Compostelle disposait également d’agents de renseignements, qui agissaient pour le compte du chapitre.

[11]Pablo Nogueira, La Corogne à l'époque moderne (1517-1800) : contribution à une étude de la population. Thèse nouveau régime, Université Paris IV-Sorbonne, janv. 2003, p. 415.

Pèlerins sur le chemin La Corogne-Compostelle

La majorité des pèlerins qui débarquaient au Nord de la Galice, empruntaient le chemin royal de La Corogne qui menait à Compostelle, après avoir assisté à l'office dans l'église de Santiago de La Corogne. Seize lieues séparaient alors La Corogne de Compostelle. Bien des malades ou des vieillards devaient s'arrêter en route, dans quelque hôpital. À La Corogne, capitale de la Galice, l'établissement des hospitaliers rendait aux pèlerins le chemin plus supportable. Ils pouvaient aussi se faire soigner à l'hôpital de San Andrés qui disposait d'une église dans ses dépendances. Le trajet La Corogne-Compostelle, qui reliait les villes de Betanzos[12], Herves, Poulo[13], Ordenes et Sigüeiro, était parcouru en deux journées par les pèlerins en bonne condition physique, à raison de sept lieues et demie en moyenne par jour. Les villes étapes, qui assuraient le gîte et le ravitaillement, s'enrichirent de ces déplacements qui étaient encore plus nombreux lors de la célébration d'une Année sainte. Sur le chemin, si les pèlerins ne trouvaient pas de gîte en ville, les églises les accueillaient. Ils pouvaient y passer la nuit et dormaient à même le sol dallé, car la religion chrétienne prône l'enseignement du don à autrui.

 

Les pèlerins qui se rendaient à Compostelle depuis La Corogne, entraient par la Porte de la Peña dans la ville de l'Apôtre. Des infants et des rois d'Espagne suivirent cet itinéraire, ainsi les Rois Catholiques en 1486. Ce trajet Compostelle-La Corogne fut suivi aussi par leur fille, Catherine d'Aragon, en 1501 qui partait pour l’Angleterre où l'attendait son promis, le prince de Galles. Auparavant elle avait voulu d'abord gagner le jubilé de l’Année Sainte. Au moment où elle rendait visite à l'Apôtre, le botafumeiro (l’encensoir que l'on hisse au-dessus des fidèles au moyen d'un assemblage de cordes conçu dans ce but et que l'on balance ensuite sur le transept pour célébrer l'Année sainte) vint s'écraser au sol[14]. Cette chute du « roi des encensoirs », comme le baptisa Victor Hugo, ne fit aucune victime. Néanmoins, cet accident fut perçu comme un mauvais présage pour l'infante Catherine. Effectivement, son premier mari, le prince Arthur, mourut rongé par la phtisie en 1502 et son second mariage avec son beau-frère Henri VIII d'Angleterre, en 1509, se solda par un divorce après vingt-trois ans d'union. Les conflits provoqués par cette séparation furent une des causes du schisme anglais et des épisodes anglo-espagnols qui s'ensuivirent.

Ce même trajet fut emprunté ensuite par le futur Charles Quint qui embarqua à La Corogne en 1520 pour se faire couronner empereur à Aix-la-Chapelle en Allemagne. Il le fut aussi par le futur Philippe II qui, en 1554, embarquera aussi à destination de l'Angleterre, où il épousa sa cousine Marie I Tudor[15]. En 1589, le pirate anglais sir Francis Drake, qui était en faveur auprès d'Elisabeth Ire, avait la ferme intention de châtier les survivants de l'Invincible Armada qui s'étaient réfugiés dans le port de La Corogne et de mettre un terme au culte de saint Jacques qu'il considérait comme un ramassis de pratiques pernicieuses. La Corogne repoussa les assaillants anglais, qui finirent par s'avouer vaincus, comme elle avait refoulé les Vikings en l'an 844[16].

Parmi les personnalités qui empruntèrent le chemin de La Corogne, au cours du XVIe siècle, on compte Antoine de Lalaing - futur stadhouder des Pays-Bas, qui avait accompagné en 1501 Philippe le Beau dans son voyage en Epagne[17] Charles de Lannoy - ami d'enfance de Charles Quint et futur généralissime des troupes espagnoles - et l'astronome vénitien Bartolomé Fontana[18].

En 1611, Jacques Sobieski, le père de Jean III de Pologne, suivit également ce chemin pour pouvoir se prosterner devant le tombeau de l'Apôtre[19]. Au XVIIe siècle, le chemin de La Corogne était toujours aussi fréquenté. On y retrouve toujours des membres de la famille royale espagnole. En 1668, don Juan d’Autriche, fils naturel de Philippe IV d'Espagne et de l'actrice madrilène Maria Calderona, surnommée La Calderona, entra dans La Corogne à la tête de l'armée qu'il devait conduire aux Pays-Bas[20]. Peu après son arrivée, il décida d'emprunter le chemin de La Corogne pour se rendre à Compostelle, car il voulait offrir à la cathédrale un imposant lustre en argent. Dès ce jour, le chapitre de la cathédrale célébra, une fois l'an, une messe en l'honneur de ce prince espagnol[21]. De retour à La Corogne, don Juan comprit que sa mission aux Pays-Bas n'était plus à l'ordre du jour. À la Cour, on le soupçonnait de conspiration et d'incitation au meurtre envers la personne du jésuite autrichien Nithard, confesseur et favori de la régente Marianne d'Autriche. Avant de se rendre dans ses domaines de Consuegra (Tolède), où il avait été assigné à résidence, don Juan d'Autriche était revenu à Compostelle pour penser à son avenir politique loin de l'agitation qui régnait alors dans la capitale de la Galice. Condamné pour haute trahison, il prit la fuite et se réfugia à Barcelone, où il reçut l'appui du duc d'Osuna. Après avoir éliminé son rival de la scène politique et renversé le nouveau favori, Fernando de Valenzuela, il gouverna le pays en tant qu'unique ministre de Charles II, son demi-frère, de 1677 jusqu'à sa mort en 1679[22].

En 1690, Marianne de Bavière-Neubourg, seconde épouse de Charles II d'Espagne arriva à La Corogne, après avoir débarqué à Mugardos, près du Ferrol. La municipalité de La Corogne reçut la reine dans l'église collégiale de Santa María del Campo, où l'attendait l'archevêque de Compostelle. Elle offrit à cette collégiale un coffret en argent et un ostensoir en or. La nouvelle reine, qui était attendue à Madrid, suivit le chemin de La Corogne pour pouvoir se recueillir dans la cathédrale de Compostelle. Elle pria devant le maître-autel, pendant que les orgues et les chœurs interprétaient avec ferveur le Te Deum[23].

[12] À la fin du XVIIe siècle, la ville de Betanzos accéda au statut de capitale de « province », lors de la division de la juridiction de l'ancienne « province » de La Coruña y Betanzos. À cette époque-là, l'ancien royaume de Galice regroupait sept « provinces » : Saint-Jacques, La Corogne, Betanzos, Mondoñedo, Lugo, Orense et Tuy. Le décret royal du 24 avril 1833 réforma les « provinces » de la Galice sur le modèle des départements français créés en 1790 et depuis le 30 novembre 1833, cette région est divisée en quatre provinces : La Corogne, Lugo, Orense et Pontevedra.

[13] À Poulo, confluaient les pèlerins qui avaient suivi le chemin du Nord, qui passait en territoire espagnol par Santander, Gijón, Oviedo, Ribadeo (Lugo), Mondoñedo, Lugo et Sobrado (La Corogne).

[14] Cet événement malheureux se reproduisit en 1622 et plus récemment en 1925 et 1937. Bien que son existence remonte au XIIe siècle, le botafumeiro fut utilisé pour la première fois au XIVe siècle. En un premier temps, il aurait servi à purifier l'air confiné à l'intérieur de la cathédrale, car la présence constante de plusieurs centaines de pèlerins rendait l'air irrespirable. Lors des rudes hivers, il aurait également fait office de brasero. Dérobé en 1809 par les troupes napoléoniennes, l'actuel botafumeiro date de 1851. Il mesure 1,50 m et pèse 80 kg. Voir Antonio Neira de Mosquera, « 0 botafumeiro de la catedral de Santiago » in Ultreya : revista quincenal de cultura galaica (arte, literatura, historia, sociología), n° 23/24,1920, p. 359-372 et Xosé Filgueira Valverde, Adral, A Coruña, Ed. do Castro, 1979.

[15] Voir notre étude, « Philippe II d'Espagne : les femmes de sa vie » in Philippe II et l'Espagne, Paris, PUPS, 1999, p. 217-233 (Coll. Iberica, n° 11).

[16] Voir Enrique Chao Espina, Los normandes en Galicia y otros temas medievales, A Coruña, Grafinsa, 1977 et Xosé Antonio Fernández Romero, « Los vikingos en Galicia » in Historia de las rías, Vigo, Faro de Vigo, 2000, t. l, p. 461-488. Voir aussi Régis Boyer, Les Vikings (800-1050), Paris, Hachette-Littératures, 2003.

[17] Manuel Díaz Sánchez, « El señor de Montigny, noble peregrino del Norte », Peregrino, n° 27,1992, p. 19-20.

[18] Voir Antonietta Fucceli, L'itinerario di Bartolomeo Fontana (1539), Napoli, Ed. Scientifiche Italiane, 1987.

[19] Cezary Taracha, « El polaco jakut Sobieski : peregrino a Santiago en 1611 », Peregrino, n° 28, 1992, p. 22-23.

[20] D'une façon générale, les troupes espagnoles qui étaient alors envoyées aux Pays-Bas s'embarquaient à La Corogne. Voir Ismael Velo Pensado, « La comarca brigantina en la relación España-Flandes durante la Edad Moderna », Anuario Brigantino, n°15, 1992, p. 25-40 et Ma del Carmen Saavedra Vázquez, Galicia en el camino de Flandes : actividad militar, economía y sociedad en la España noratlántica (1556-1648), A Coruña, Ed. do Castro, 1996.

[21] Le premier don Juan d'Autriche, fils naturel de Charles Quint et d'une Allemande Barbara Blomberg (Plomberge), était aussi venu remettre une offrande à la cathédrale de Compostelle : le drapeau qui flottait sur le vaisseau amiral au cours de la bataille de Lépante (1571). Selon la légende, saint Jacques aurait fait sentir sa présence à cette bataille et favorisé la victoire de la flotte chrétienne, confiée à don Juan d'Autriche, sur la flotte musulmane. Voir Bartolomé Bennassar, Don Juan de Austria : un héroe para un imperio, Madrid, Temas de Hoy, 2000. Les merveilleuses apparitions de saint Jacques assistèrent toujours les Espagnols dont le cri de guerre était « Santiago y a ellos » - dans leurs luttes contre les infidèles et leur assurèrent systématiquement la victoire finale. Sur l'affirmation de la présence réelle de saint Jacques dans la conquête de l'Amérique espagnole, voir notre étude « L'influence de saint Jacques de Galice aux Indes occidentales (XVIe-XVIIe siècles) » in Les langues néo-latines, n° 314, 2000, p. 57-74.

[22] Voir José Calvo Poyato, Juan José de Austria : un bastardo regio, Barcelona, Plaza&Janés, 2001.

[23] Voir Adalberto de Baviera, « La peregrinación de la reina Mariana de Neoburgo a Santiago » in Santiago en la historia, la literatura y el arte: curso de conferencias organizado por el Colegio Mayor Universitario de La Estila en el año santo compostelano de 1954, Madrid, Editera Nacional, 1954, vol. I, p. 145-174.

Une même gestuelle pour les princes et pour les humbles

Tous les membres de la famille royale espagnole qui visitèrent Compostelle, répétèrent, à l'intérieur de la cathédrale, les gestes symboliques développés par la foi des pèlerins, tels que poser les doigts de la main droite dans les cinq cavités du meneau de l'arc central du Porche de la Gloire, puis le front trois fois de suite sur la tête de l’orant qui regarde vers le maître-autel au pied dudit meneau ; toucher la base de la colonne creuse de bronze fixée au pilier droit du maître-autel, afin d'être en contact direct avec les soi-disant bourdons de saint Jacques et de saint François de Sienne[24]et enfin, donner l'accolade à l'image de saint Jacques qui trône derrière le maître-autel en tant que « saint patron des Espagnes »[25].

 

La bonne renommée du chemin de La Corogne également connu sous le nom du chemin anglais, car il fut emprunté principalement par des pèlerins anglais au cours des grandes heures du pèlerinage, contribua à l'édification de l'église romane de Santiago de La Corogne, le plus ancien sanctuaire de la ville et passage obligé des pèlerins, qui fut incendié à deux reprises et qui est aujourd'hui avec le phare antique, l'un des principaux monuments de La Corogne. En somme, cette voie, à la fois maritime et terrestre était indubitablement un chemin renommé et fréquenté, avant que les aléas de l'histoire ne le plonge dans l'oubli[26].

[24] Né en 1211 dans une famille de modestes laboureurs, il aimait à s'adonner aux plaisirs des jeux de hasard et gagea un jour ses propres yeux. Sur-le-champ, Dieu le châtia en lui ôtant la vue qu'il recouvra miraculeusement à Compostelle. Après avoir reçu la bénédiction du pape Grégoire IX à Rome, il convertit ses anciens compagnons de jeux de retour chez lui, où il mena alors une vie d'ascète jusqu'à sa mort en 1291.

[25] Voir notre étude, « La gestuelle du pèlerin d'hier et d'aujourd'hui dans la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle », publiée sur le site internet de la recherche jacquaire en France, associé au Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris (CNRS/Université Paris I-Panthéon Sorbonne), www.saint-jacques.info, juin 2001.

[26] Voir Antonio López Ferreiro, Historia de la Santa Apostólica Metropolitana Iglesia de Santiago de Compostela, Santiago de Compostela, SSC, 1904, t. VII ; José Ma Lacarra y de Miguel, Juan Uría Riu et Luis Vázquez de Parga Iglesias, Las peregrinaciones a Santiago de Compostela, Madrid, Instituto de Estudios Medievales, 1948 ; Walter Starkie, El camino de Santiago : las peregrinaciones al sepulcro del Apóstol, Madrid, Aguilar, 1958 ; Yves Bottineau, El camino de Santiago, Barcelona, Aymá, 1965 ; Luis Vázquez de Parga Iglesias, El camino de Santiago, Madrid, Publicaciones Españolas, 1965 ; José Ma Lacarra y de Miguel, « El camino de Santiago en España » in Santiago en España, Europa y América, Madrid, Editora Nacional, 1971, p. 59-144 ; Francisco Vales Vilamarín, Las antiguas rutas jacobeas del territorio brigantino (4e itinerario), A Coruña, Moret, 1975 ; Lucindo Fembiella et Fernando Urgorri, El antiguo camino real de La Coruña a Santiago de Compostela : el camino de Faro o camino francés de Poulo, A Coruña, Caixa Galicia, 1992 ; Ismael Velo Pensado, La Coruña en el camino de peregrinos a Santiago, A Coruña, CSMC, 1996 et Angel Padín Panizo, « El camino inglés desde el puerto de Faro o de La Coruña », in Aulas no camiño, un estudio multidisciplinar da realidade galega que atravesan os camiños de Santiago : o camiño inglés e as rutas atlánticas de peregrinación a Compostela, A Coruña, SPUC, 1997, p. 251-261.

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