Par l’intermédiaire de différents groupements de chercheurs via Internet, est arrivé un jour sur le site de la
Fondation David Parou Saint-Jacques le message suivant :
Je cherche désespérément un texte qui parle des miracles
produits par saint Léonard chez les épileptiques. J'habite à Buenos-Aires
et il y a quelques années je l'avais lu dans un livre ou petit dictionnaire
sur les mystères de France. En ce moment je ne peut pas le trouver, pouvez-vous
m'aider ?
La Fondation David Parou Saint-Jacques était en mesure de répondre :
Vous avez lu cela dans Guide de la France mystérieuse,
dir. René Alleau, Paris, Tchou, 1976, p. 854-855. Il s’agit du village
de Saint-Léonard-en-Beauce (Loir-et-Cher) qui passe pour conserver les
reliques d’un saint Léonard.
La réponse, reçue de Silvia invitait à prolonger le dialogue :
En effet, le nom que j’avais oublié est bien celui que vous
m’indiquez. Je l’avais trouvé à l’Alliance française de Buenos-Aires,
où j’étudiais le français. Je cherchais des informations sur saint Léonard
car mon fils s'appelle Leonardo et parce que pendant un voyage en France,
miraculeusement je suis arrivée jusqu'à la porte de l'église située à
Honfleur. Sans le savoir, j’arrivais dans “les bras de saint Léonard”,
alors que depuis plusieurs années je souffrais de convulsions que je renonçais
à voir guérir un jour. Depuis ce jour, je ne souffre plus les convulsions
en un mot l'épilepsie.
Silvia était atteinte d’une forme d’épilepsie très invalidante apparue après la naissance de son fils, Leonardo (appelé ainsi en mémoire de Léonard de Vinci, dit-elle). Elle raconte en demandant : « Pourrons-nous parler d’un miracle ? »
«Quelques semaines après l’accouchement de mon fils Leonardo,
en 1986 et à l’âge de 24 ans, j’ai souffert du premier symptôme, il s’agissait
d’une sensation d’étrangeté, d’un ne savoir où on se trouvait, appelée
«aura épileptique». À ce moment-là ce problème ne se présentait que de
temps à autre (sporadiquement). Malheureusement pour moi un jour le Grand
Mal s’est installé. Les médecins ne trouvaient l’origine ni la manière
de me soigner. En conséquence je ne pouvais suivre ma vie comme d’habitude
que pendant une semaine par mois. Il m’a fallut renoncer à mon travail.
En outre, l’amnésie me gagnait. J’ai oublié bien trop de choses et j’avais
peur d’oublier tout ce que j’avais appris. Pendant ces jours, je trouvais
le soulagement à mon malheur dans le dessin, je me plongeais dans le papier
et dessinais des chevaux. À un moment j’ai eu besoin de donner de la couleur
à mes œuvres et sans aucune aide j’ai commencé à pratiquer de l’aquarelle.
Navrée, désespérée et fâchée j’ai décidé de n’aller visiter aucun autre
médecin et d’attendre.
Ce n’est qu’en 1996 que j’ai trouvé mon sauveur.
J’habitais en Argentine (où j’habite actuellement) et j’avais toujours
voulu connaître la France, j’avais appris la langue bien avant d’imaginer
un voyage. Mon mari et moi (pendant ma semaine consciente) nous avons
décidé d’y aller avec notre fils. Je savais d’avance quand le mal se présenterait
car il était associé au cycle menstruel. Une fois installés à Paris et
que nous voulions connaître la région du Nord, nous sommes allés à Honfleur.
Là, et lorsque la guide de l’excursion ne nous semblait pas aimable, j’ai
convaincu mon mari de nous balader seuls. D’abord il n’a pas aimé mon
idée et moi sans y penser j’ai commencé à marcher en direction vers l’église
Saint-Léonard (je ne savais pas qu’elle était là). Lorsque nous y sommes
arrivés nous avons trouvé sa porte fermée. Voyant ma grimace de déception,
un jeune garçon placé sur les escaliers s’est approché pour me dire à
quelle heure la porte de l’église serait ouverte. Nous avons attendu patiemment,
et le jeune s’est approché de nouveau pour me donner un gros livre ancien
contenant les chansons qu’on allait chanter pendant la messe. Une fois
dedans il nous a placés dans un endroit privilégié, nous lui avons raconté
d’où nous étions venus et après il a raconté tout au curé de l’église.
Avant de commencer la messe le curé nous a présentés devant la communauté
et sans rien nous dire, il a placé sa main sur nos têtes. Quelle sensation
de bonheur !
Nous n’oublions pas que l’autobus nous attendait. Nous quittons la messe
inachevée. Les jours coulaient et moi je n’avais aucune sensation de mal,
j’étais préoccupée, désolée car je pensais que j’étais enceinte et que
les médecins m’avaient tant recommandé de l’éviter. Bienheureusement les
jours coulaient toujours et ME VOILÀ !
En 1997 j’ai recommencé les études de français, j’y ai fait un grand effort,
j’avais ma mémoire «vermoulue». Un jour dans la bibliothèque j’ai trouvé
le «guide», ce livre m’avait paru très sympa et mystérieux, j’aurais
voulu le mener à la maison pour en tirer profit de ses pages, mais il
était défendu. Dans ces pages j’ai trouvé les mots qui éclairciraient
le mystère.
Aujourd’hui, je m’attriste parfois de penser au temps perdu et parfois
je pense que ces longs jours de maladie m’ont aidée à voir la vie d’une
autre manière et je fais face aux problèmes d’une manière plus positive»
Quelques précisions données par la Fondation David Parou Saint-Jacques
Le Guide de la France mystérieuse, dir. René Alleau,
Paris, Tchou, 1976, p. 854-855, présente le village de Saint-Léonard-en-Beauce
(Loir-et-Cher) comme le lieu capable de guérir le “mal de saint Léonard”,
autrement dit l’épilepsie et l’aliénation, par la grâce d’une relique
de saint Léonard. Mais quel saint Léonard, demandent nos esprits rationalistes
? Au Moyen Age, les sanctuaires se disputent l’authenticité de leurs
reliques…
En Limousin, saint Léonard de Noblat, libérait les prisonniers.
Sa Vie, rédigée au XIe siècle, le présente comme un filleul de Clovis,
ermite dans une forêt proche de Limoges. Son royal parrain lui aurait
octroyé le privilège de libérer tous les prisonniers qu’il jugerait digne
de cette grâce. L’histoire dit ensuite qu’il a délivré des douleurs de
l’enfantement l’épouse de Clovis qui passait par là en 507. Après sa mort,
son tombeau devint lieu de pèlerinage. Léonard est resté le saint de toutes
les délivrances et en particulier de celle des prisonniers. Son culte
s’étendit à toute l’Europe. Au XIIe siècle, l’église fut dotée d’un collège
de chanoines pour la servir et ornée d’un magnifique clocher limousin.
Au XIIIe siècle fut rajouté le portail gothique et l’ensemble ceint de
murailles. Pendant la guerre de Cent Ans, en 1372, la population de Noblat
chassa les Anglais et ouvrit ses portes aux troupes royales françaises.
En 1422, le roi Charles VII se mit sous la protection du saint et lui
demanda de pouvoir «remettre son royaume en paix et être délivré de la
guerre contre les Anglais». Le roi Louis XI se flatte de ce que Léonard
soit de sa famille ! A Honfleur, c’est un de ses bras qui fut conservé.
Le saint beauceron*, lui, aurait été moine à l’abbaye de Micy (Loiret).
Par analogie, il a très bien pu délivrer du démon, cause de toutes les
maladies nerveuses : on enchaînait les “possédés” en attendant que le
saint les libère du démon. On peut y voir aussi une sorte de concurrence
établie avec Larchant** (Seine-et-Marne) qui tirait sa richesse des pèlerins
venus demander à saint Mathurin de les guérir de la folie.
* Le sanctuaire et le pèlerinage de Saint-Léonard-en Beauce
voir article
** Saint-Mathurin de Larchant voir article
Denise Péricard-Méa, Février 2003
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