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Malgré son caractère impressionnant, la barrière des Pyrénées
n'a jamais interdit les échanges entre les populations qu'elle séparait. De
nombreux cols, les ports, offraient des passages. Le port de Cize et le Somport
sont connus des pèlerins de Compostelle pour être cités par le Codex
Calixtinus dans son dernier Livre. Les voies qui y conduisent ont bénéficié
de l'engouement contemporain pour le pèlerinage. Au point de donner envie à d'autres
vallées d'utiliser Compostelle pour ne pas perdre les bénéfices touristiques
et économiques de ce phénomène contemporain. Ainsi en est-il de la vallée d'Aure.
Cette vallée n'est qu'un exemple parmi d'autres car toute l'Europe est
contaminée par le syndrome de Compostelle*.
Vers Compostelle sur les ailes de l'imaginationLe fascicule représenté ci-contre, complément départemental
des topo-guides de la FFRP, décrit
une centaine de kilomètres d'un itinéraire traversant le département
des Hautes-Pyrénées. Il s'intitule Vers Compostelle et
présente des portions de deux GR. Un vieux port oubliéL'itinéraire proposé fait passer par le port d'Ourdissétou. Une belle plaque de marbre y fut scellée en 2004. La consultation de la carte de Cassini montre, malheureusement pour les auteurs de ce guide et le Conseil Général qui a financé cette plaque, qu'encore au XVIIIe siècle, la voie traditionnelle passait par le port du Plan situé un peu plus à l'Est. | |
Une portion de la Haute Route PyrénéenneLa dernière étape de cet itinéraire vers Compostelle conduit donc au port d'Ourdissétou, à 2403 m d'altitude. Sur la carte au 50/000e (Luchon, Aure-Louron), la portion correspondante du GR est mentionnée comme appartenant à la HRP, la Haute Route Pyrénéenne. Si le fascicule recommande la prudence pour une partie antérieure du parcours, il ne dit rien pour celle-ci. Oubli sans doute d'un rédacteur trop habitué à ses montagnes, mais oubli qui risque d'envoyer sur un chemin qui comporte quelques passages exposés des pèlerins chargés qui n'ont pas forcément le pied montagnard. Dominant la gorge de la Neste de Riomajou, le sentier comporte en effet un ou deux passages "situtombtutetues". Malgré l'excellent état du chemin et la qualité des marques bleues qui indiquent où poser les pieds, les personnes sujettes au vertige devront être particulièrement prudentes. |
L'oubli de l'histoire locale | |
Mis
sous le signe de Compostelle, les randonneurs qui achèteront ce guide
pour leurs promenades dans le département n'auront pas été
ouverts à la véritable histoire des sentiers qu'ils auront
parcourus. Rien pour leur faire deviner les courants d'échanges
entre vallées espagnoles et vallées françaises. Comme
disait l'employée d'un Office du Tourisme "on utilise saint
Jacques à toutes les sauces parce que c'est porteur" ce qui
conduisait un couple de marcheurs rencontrés dans la montée
d'Ourdissétou à nous dire : "maintenant où qu'on
aille on est sur un chemin de Compostelle". Le logo des Itinéraires
culturels Européens, apposé sur le marbre de la plaque du
col, ne marque pas un chemin de Compostelle historique. Il est néanmoins
à sa place comme symbole de la volonté de construire l'Europe
par-dessus les frontières. La vocation de Compostelle prend
une nouvelle dimension qui ne doit rien aux passages de pèlerins
médiévaux mais exprime la volonté des responsables
politiques d'aujourd'hui. | |
* Syndrome de Compostelle : voir le Dictionnaire de saint Jacques et Compostelle , éditions Gisserot, 2006
Voir la lettre reçue à ce sujet d'un ami pèlerin originaire
de la vallée : Aure et Compostelle |
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