Accueil mise à jour le 9 septembre, 2005 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente

Bourdon, besace, coquille et calebasse

La Chanson du Devoir des pèlerins, diffusée par la littérature de colportage du XVIIIe siècle, fait obligation au pèlerin de porter des accessoires d’identification au long de sa route :

«Des choses nécessaires
Il faut être garni
À l'exemple des Pères
N'être pas démuni
De bourdon, de malette,
Aussi d'un grand chapeau
Et contre la tempête
Avoir un bon manteau.»


dessin offert par Grégory DELAUNAY

Ces éléments sont nécessaires à tout voyageur, mais Jean de Bonnecaze, lorsqu’il quitte les Pyrénées pour Compostelle au milieu du XVIIIe siècle n’a pour tout bagage qu’un hâvre-sac contenant quelques chemises et pour tout insigne un chapeau. De fait, ces insignes sont ceux qui apparaissent dans les formules liturgiques très anciennes de bénédiction de départ des voyageurs.

En voici une, tirée du Codex Calixtinus, spécialement composée pour les pèlerins de Compostelle :

«Reçois cette besace, insigne de ton pèlerinage, afin que tu mérites de parvenir à la maison de saint Jacques où tu veux te rendre… Reçois ce bourdon, réconfort contre la fatigue de la marche dans la voie de ton pèlerinage, afin que tu puisses parvenir en toute tranquillité au sanctuaire de saint Jacques…»

L’Eglise accorde à ces insignes une haute valeur allégorique : «La besace symbole de générosité dans les aumônes» dit le Codex Calixtinus ...

et plus tard la Chanson du Devoir des pèlerins célébrera ainsi le bourdon :
«Le bâton d'espérance
Ferré de charité
Revêtu de constance
D'amour et chasteté...»

Ainsi doté de ces objets bénis et reconnaissables, le pèlerin est sous la protection de la Lex Peregrinorum qui, théoriquement, le protège. Au fil des siècles, s’y ajoute la « pèlerine », mantelet de cuir couvrant les épaules. Au retour, ces objets deviennent objets-souvenirs, parfois conservés pieusement par les familles. Certains anciens pèlerins de Compostelle demandent à être enterrés avec leur bourdon, tel Guillaume Ytasse en 1603, un tourneur de Beaugency. La chose ne va pas de soi, car la demande est faite par devant notaire ! Sur sa pierre tombale, il demande que soit gravée son effigie en costume de pèlerin, avec saint Jacques en vis-à-vis. Néanmoins, toutes les pierres tombales portant ces symboles ne signalent pas forcément un pèlerin de Compostelle, car ces attributs sont communs à tous les pèlerins, quelle qu’ait pu être leur destination. Peut-être ne furent-ils que des « pèlerins de vie humaine » demandant à saint Jacques sa protection pour le grand voyage vers l’Au-delà.

La propriété intellectuelle du contenu de ce site est protégée par un dépôt à la Société des Gens de Lettres

Page précédente haut de page Accueil

nous écrire