page établie le 14 juilet 2003
mise à jour le 20 janvier, 2006 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente Accueil

L’église Saint-Jacques de Villefranche-de-Conflent, sur le chemin de Compostelle ?

L’abbé Cazes, curé de Villefranche et chercheur inlassable, s’est interrogé sur la relation historique entre son église et les «chemins de Compostelle». Il n'a trouvé aucun texte permettant de penser qu'elle a été fondée pour les pèlerins en route vers la Galice. Elle témoigne, avec d'autres d'un culte local à saint Jacques. Il a retrouvé cinq pèlerins passés par Villefranche, point de passage obligé de Perpignan vers l’Espagne, par Puycerda. Une fois encore l’hypothèse d’églises Saint-Jacques fondées pour les pèlerins de Compostelle se trouve infirmée. L’abbé Cazes montre ainsi qu’il est vain de tracer des «chemins de Compostelle» en reliant entre eux des éléments du patrimoine jacquaire comme cela a été malencontreusement le cas dans son département. Puycerda était et reste un passage intéressant vers l’Espagne, indépendamment de Compostelle. C’est céder à la mode que de le mettre sur un «chemin de Saint-Jacques».


saint Jacques, retable de l'autel principal de Villefranche

Il n’est dit nulle part que l’église de Villefranche, en 1094, ait été dédiée à saint Jacques parce que se trouvant sur le chemin des pèlerins de Galice.
Il y avait déjà dans les alentours des églises dont ce saint apôtre était le titulaire : Saint-Jacques de Camerola, mentionnée en 1072, sur le territoire de Cornellà ; Saint-Jacques de Nyer dont l’architecture relève du style du XIe siècle ; deux églises qu’on ne peut pas considérer comme des étapes vers Compostelle.
Néanmoins il est patent que l’emplacement choisi pour la fondation de Villefranche était un passage obligé entre la plaine et la montagne, entre le Roussillon et la Cerdagne. Nous voulons bien admettre que tous les chemins mènent à Rome et que Santiago est la Rome de notre Ouest.

Venons-en aux écrits :
C’est le 17 août 1482 ; Clergé, consuls et population de Perpinyà, tout le monde nu-pieds, effectuent une procession de pénitence et d’imploration de la pitié de Dieu pour obtenir la fin de la peste. En conclusion, la ville désigne deux pèlerins pour apporter à Saint-Jacques de Galice l’offrande de la reconnaissance car on envisage la grâce obtenue. La messe ouïe et reçues la communion et les bénédictions requises, nos deux pèlerins tirdren lo cami, prenent per la via de Puigcerda. Ils ont donc dû passer par Villefranche (Ruscino, 1912, p. 309). Le 19 octobre 1482 nos deux romeus, leur mission accomplie, sont de retour à Perpinyà sains et saufs, et tout le peuple adresse louanges et grâces à Dieu tout-puissant. Ce pèlerinage s’est donc déroulé d’août à mi-octobre, à la bonne saison, sans crainte de froid ni neige.


Le 25 mai 1488, Perpinyà renouvelle l’envoi de deux pèlerins à Saint-Jacques de Galice pour faire cesser la peste, selon le même rituel : messe, communion, bénédiction des attributs de pèlerinage. Notre texte précise : van per Pugserda (Ruscino, 1912, p. 321). Nous ferons encore remarquer qu’on n’a pas eu peur de la neige et conclure que Villefranche se trouve sur le chemin de Saint-Jacques, du moins en été.

 

En 1591, Antoine Palau, prêtre de Molig, desservant l’église de Joc, rétribue Bernard, fils de Mado Peyrona, de Rià, pour avoir fait à sa place le voyage de Saint-Jacques de Galice (Alart : cart. ms. N 66). Si les pèlerins de Perpinyà passaient par Villefranche pour gagner Puigcerdà, à plus forte raison ceux de Rià.

 

Abbé Albert Cazes (2003)

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