Accueil mise à jour le 10 septembre, 2005 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente

ROUEN une très intéressante statue de saint JACQUES

Au-delà de la simple anecdote, cette sauvegarde d’une statue est exemplaire d’une coopération réussie entre un pèlerin et des professionnels responsables du patrimoine.
Patrick Lefèvre, passionné par la recherche du patrimoine jacquaire de sa ville, découvrit un jour, sur une colonne dans un jardin une statue de saint Jacques, oubliée là sans que personne n'en connaisse l'origine. Il entreprit d'en rechercher l'histoire. Heureux hasard, une campagne de restauration de la façade occidentale de la cathédrale était engagée. Six statues manquantes, avaient été retrouvées. Après examen, il s'avéra que celle retrouvée par Patrick était une septième. Saint Jacques put donc, grâce à lui, reprendre place au bon moment dans le collège des apôtres.
Au printemps 2003 une copie a été mise en place dans la niche d’origine, une autre sur la colonne du jardin tandis que l’original, bien catalogué cette fois, est protégé au musée.

voir la fin de l'histoire


Patrick Lefebvre raconte comment il a "ressuscité" saint Jacques à Rouen

La statue dans le jardin du Musée à sa découverte

D’anciens pèlerins se retrouvent souvent dans des associations pour aider les suivants à partir en leur prodiguant des conseils, en leur proposant des cartes et des accueils spécifiques. Après être allé à Compostelle en 1998, j’ai choisi de m’intéresser au patrimoine jacquaire de ma ville de Rouen. Et je reprends mon bâton de pèlerin… En 2000, dans le jardin Sainte-Marie proche du musée des Antiquités j’aperçois la silhouette de la statue d’un pèlerin, perchée sur une colonne, difficile à observer pour un simple passant, presque noyée dans la verdure et dans un état de conservation assez déplorable. Intrigué, j’alerte la Ville, le Conseil Général et les Monuments Historiques et constate que la statue appartenait précisément au musée des Antiquités… qui l’avait totalement oubliée.
Une fiche d’identification est établie le 1er août 2000, sous le n°R. 2000.113 :
D'époque XIIIe-XIVe siècle, cette statue en pierre sculptée représente saint Jacques en pèlerin avec coquille, manteau, chapeau, et livre. Le saint est debout, la tête légèrement penchée, de la main droite il tient un livre, et de l'autre, il devait s'appuyer sur un bourdon, attribut aujourd'hui disparu. Il porte un chapeau-parasol à larges bords relevés garni d'une coquille, ce détail iconographique déterminant l'identification du saint (ce qui n’est pas toujours vrai, ainsi que le prouvent de nombreux exemples. NDLR). Enfin, il porte un ample manteau aux plis épais disposés obliquement sur le buste. Cette statue se trouvait sur la façade ouest de la cathédrale Notre-Dame de Rouen. Elle a été déposée de sa niche après 1858 pour des raisons inconnues.

Patrick et son saint Jacques

Cette statue est entrée au musée des Antiquités de Rouen avant 1882. Cette découverte tombait en un moment opportun : depuis plusieurs années, des recherches officielles étaient entreprises à l’occasion de la restauration de la statuaire de la façade occidentale de la cathédrale. Voici ce que disent les spécialistes :
L’exceptionnel ensemble de statuaire monumentale comprenait à l’origine, à l’issue des transformations effectuées au cours du XIVe siècle par Jean Périer et Jean de Baïeux, puis du XVIe siècle par Roulland Le Roux, 72 statues de 1,60 m. à 2,45 m. de hauteur… Cet ensemble de statuaire se répartit dans des niches ornées de riches dais sculptés et s’organise selon quatre registres répartis entre 20 et 30 m. d’altitude.
Parmi les 50 œuvres originales datant des années 1362 à 1421 figurent, disaient les spécialistes 6 statues du musée des Antiquités…
La mienne était une septième ! Avant d’être oubliée dans son jardin, elle occupait la niche 309 de la façade Ouest de la cathédrale.

Les 50 statues (originales ou, pour certaines en trop mauvais état, refaites à l’identique) ont été exposées au public depuis le printemps 2002 dans le déambulatoire du chœur. Mais la très grande qualité de certaines de ces statues a amené les spécialistes à décider leur mise à l’abri définitive, envisagée dans le futur «musée de l’Œuvre-Trésor de la cathédrale» qui doit ouvrir en 2004 dans le bâtiment Nord de la cathédrale. Des copies en sont faites, en ciment d’une densité voisine de celle de la pierre d’origine. Date prévue de la mise en place : printemps 2003. Le nettoyage, la restauration et le moulage des statues ont été effectués par les ateliers Legrand, restaurateurs à Darnétal

« Ma » statue de saint Jacques bénéficie d’une faveur spéciale : comme ses consœurs de même qualité, c’est une copie qui reprendra place sur la façade, mais une seconde copie sera replacée dans le jardin Sainte-Marie,(également au printemps 2003) pour le grand bonheur des amateurs de patrimoine jacquaire.
Reste une question : pourquoi, vers 1882, cette statue a-t-elle été distinguée des autres et isolée sur cette colonne du jardin ? Existe-t-il un compte-rendu d’une délibération des administrateurs du musée ? Peut-on penser qu’il y a un lien entre cette décision et la dévotion à saint Jacques relancée par la Lettre Apostolique de Léon XIII en 1884 ? N’a-t-elle pas été exposée comme un appel à répondre à l’invitation du pape de renouer avec les cultes à saint Jacques et reprendre le chemin de Compostelle ou de pèlerinages locaux ?

atelier Langlois, cliquer pour agrandir
la statue de saint Jacques en restauration dans l'atelier Legrand

la tête de la statue de saint Jacques restaurée

voir la fin de l'histoire


Merci à tous ceux qui ont permis cette sauvegarde et contribué à son financement.
Souhaitons que cette action exemplaire encourage toutes les initiatives possibles pour la sauvegarde du patrimoine jacquaire en péril.

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