Messieurs,
Animateur d'une Fondation pour la recherche sur saint Jacques
et les pèlerinages, je souhaite apporter quelques compléments et correctifs
aux informations que vous avez publiées sur ces sujets, en particulier
dans votre numéro des 17/18 août 2003, page 6.
Il est effectivement habituel de dire qu'il y a, en France, quatre chemins
de Compostelle, mais il est inexact d'écrire que leur origine remonte
au IXe siècle. Ils sont évoqués pour la première fois dans un manuscrit
du XIIe siècle. Ce manuscrit est l'un des cinq livres du Codex Calixtinus.
Il est resté quasiment inconnu jusqu'à la fin du XIXe siècle où il été
publié en latin. Il n'est véritablement connu en France que depuis 1938,
date à laquelle il a été publié par Jeanne Vielliard sous le titre de
Guide du pèlerin, titre qui n'est pas celui du manuscrit mais qui a fait
le succès de ce livre.
Il est vrai que le pèlerinage de Jean-Paul II à Compostelle en 1982, un
an après la proclamation de l'autonomie de la Galice, puis l'organisation
des JMJ ont contribué à l'essor de ce pèlerinage. Mais, bien que les auteurs,
dont l'un appartenait à sa rédaction, soient partis de Vézelay, Le Monde
se devait de citer aussi Priez pour nous à Compostelle, ouvrage
qui a véritablement assuré le lancement médiatique du chemin et qui met
encore des pèlerins sur la route.
Remontant encore un peu dans l'histoire, il aurait pu raconter la naissance
du GR 65 dans le début des années 1970 et proposer la lecture du numéro
de la revue Le Fil consacré à ce sujet et toujours en vente à l'Office
du Tourisme du Puy*. Cela pour ne pas laisser croire à ses lecteurs que
ces chemins sont des chemins de pèlerinage médiévaux mais pour leur montrer
comment ils ont été construits dans un passé somme toute récent pour répondre
aux besoins de la société d'aujourd'hui.
S'agissant des pèlerins qui assistent à la Messe des pèlerins, l'article
peut laisser supposer que tous vont à Compostelle. Il n'en est rien, beaucoup
de ceux qui partent du Puy n'arriveront jamais en Galice pour diverses
raisons, mais tous auront partagé un peu de la magie de Compostelle, tels
ce pèlerin qui nous a dit un jour "j'ai fait trois fois Compostelle dont
une fois du Puy à Conques".
Enfin le sous-titre de l'article laisse supposer, à tort, que les milliers
de fidèles qui se recueillent au pied de la Vierge noire sont sur le départ
pour Compostelle. Cette mystérieuse Vierge était vénérée au Puy bien avant
saint Jacques à Compostelle, en particulier par des pèlerins espagnols.
C'est desservir la ville que de ne la voir qu'en fonction de la lointaine
Galice.
Recevez, Messieurs, l'expression de mes salutations distinguées,
Louis Mollaret
président
Fondation David Parou Saint-Jacques
* Voir le témoignage
de Jean Chaize qui a tracé ce chemin en Haute-Loire |