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A la fin de la livraison précédente, je vous invitais à vous lancer sur la piste de l’auteur et sur celle de ses destinataires. Bien avant vous, d’autres (des spécialistes qu’on nomme exégètes) ont entrepris l’enquête sur l’identité de l ‘émetteur et des récepteurs de cet écrit. Et cette enquête est loin d’être close ! Aboutira-t-elle jamais ? Faisons le point sur les acquis, les incertitudes, les questions ouvertes.
L’auteur répond : « aux douze tribus de la dispersion » (1,1). Cette adresse exige un décryptage. Dans la tradition juive, les douze tribus désignent l’ensemble du peuple élu, sur la terre d’Israël et dans le monde (la diaspora). Comme la lettre de Jacques est un texte du Second Testament, les douze tribus figurent la totalité du Peuple Nouveau que le Christ s’est acquis par son sang répandu. Mais il semble que, dans l’esprit de l’auteur, ce peuple ne se réduise pas aux judéo-chrétiens : il englobe les « gentils » ou païens convertis. D’où le qualificatif de « catholique » (universel) attribué à sa lettre. Nous en sommes donc, nous aussi, les destinataires !…
Peu d’indices permettent de répondre à cette question. On pense qu’elle fut rédigée sinon à Jérusalem même, du moins en Palestine ou en Trans-Jordanie (Pella ?) où les chrétiens de Jérusalem se seraient réfugiés après la destruction de la ville par les Romains de Titus, en 70. Certains évoquent encore la Syrie ou l’Egypte.
Ici encore nous sommes réduits à des conjectures. Et pourtant
la réponse importe si l’on cherche à identifier l’auteur.
La lettre est fermement attestée au IIème siècle. Les opinions
divergent quant à la date de rédaction.
L’auteur se présente comme « Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésis Christ ». Mais on sait que la pseudonymie était d’usage fréquent dans l’antiquité. Certains écrivains en font encore usage aujourd’hui !… L’OPINION TRADITIONNELLE fait de Jacques, dit « Le Juste », frère du Seigneur, fils de Clopas et de Marie, frère de Joset et de Jude, bénéficiaire d’une apparition particulière du Ressuscité, l’auteur de cette lettre. D’après l’historien juif Flavius Josèphe, il mourut lapidé en 62. Il était le chef incontesté de l’Eglise de Jérusalem, bien moins sectaire que les judéo-chrétiens de Palestine. Cependant les gnostiques d’Egypte en ont fait leur porte-drapeau : il serait le véritable successeur du Christ qui lui aurait confié mission de transmettre un enseignement caché en opposition avec Pierre et Paul. Cette récupération pourrait expliquer la réticence à admettre la Lettre de Jacques dans le canon des Ecritures… ET SA CRITIQUE : Jacques, frère du Seigneur, ne peut être l’auteur de la lettre parce que 1) elle ne contient aucune allusion ni au Temple ni aux prescriptions rituelles
de la Loi de Moïse : curieux pour un tenant du judaïsme !…Mais
on sait que Jacques était moins extrémiste que son entourage. Qui donc en serait l’auteur ? « Il faut reconnaître que la question reste ouverte. » « Spéculer sur l’identité exacte de l’écrivain devient alors superflu. » Cette conclusion d’un des plus éminents spécialistes du Nouveau Testament, Raymond E.Brown, est bien sûr frustrante. L’honnêteté intellectuelle l’impose.
1) L’auteur n’est pas Jacques (fils) d’Alphée, dit
« Le Mineur », l’un des douze Apôtres dont on ne sait
rien de plus et qu’aucune tradition ne revendique. Disons, POUR CONCLURE, que l’auteur est un helléniste érudit,
disciple et admirateur de Jacques Le Juste. Le titre qu’il joint à
son pseudonyme mérite toute notre confiance de croyants : « serviteur
de Dieu et du Seigneur Jésus Christ ». Henri Rivoalen A lire : « Jacques, frère de Jésus », de Pierre-Antoine Bernheim aux éditions Noésis, 1996. |
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