Le Festival de la correspondance de Grignan accueille
chaque année les visiteurs, touristes et vacanciers de la Drôme
provençale. L'art épistolaire est mis en valeur sous toutes
ses formes. Le programme est riche, et les participants nombreux.
Si, pendant l'été, Grignan s'anime, cette saison dans la
vie des paroisses ressemble souvent à une hibernation. Nous avons
ajusté notre rythme de vie à l'année scolaire : nous
débutons la plupart de nos activités en septembre et nous
faisons une pause pendant l'été, puisque beaucoup d'entre
nous prennent
un moment de repos. Il y a alors comme une sorte de ralentissement, comme
si le battement du coeur de ce corps qu'est l'Église devenait à
peine perceptible, tout en devinant l'existence de la vie... Est-il possible,
malgré tout, de nous ré-animer, et de nous rassembler autour
d'un même projet, catholiques et protestants ? Bruno Dardelet, chef
d'une entreprise de communication à Grenoble, a relevé ce
défi, et nous voilà réunis, le 29 juin, autour
de la Lettre de Jacques, à la collégiale de Grignan, pour
une soirée qui nous associera au Festival de la correspondance,
paroisses catholiques et réformées. En effet, faire connaître
et offrir cette épître aux passants, touristes, vacanciers,
quelle idée lumineuse pour nous extirper de la chaleur provençale
et aller à la rencontre de ceux qui croisent notre chemin ! Si
repos rime avec détente, distraction, relâchement, l'été
pour beaucoup est aussi une période privilégiée où
l'on peut se réserver un temps pour soi, un temps où l'on
réfléchit sur le sens de sa vie. Dans le dictionnaire, le
repos est « absence de mouvement, immobilité, pour faire
disparaître la fatigue », mais aussi « quiétude,
tranquillité », donc c'est un temps de paix, propice au ressourcement,
à la recherche de soi-même, pour qu'un changement puisse
s'opérer... Or, la Lettre de Jacques ne nous propose justement
pas du repos, du ralentissement, mais des outils pour repartir autrement,
une véritable régénération. Cette épître
adressée à l'Église universelle est une lettre qui
interpelle, qui veut que nous changions, tant dans notre interprétation
de la foi que dans notre pratique. À travers une telle parole,
ce temps de paix et de tranquillité nécessaire pour chacun
de nous peut devenir ressourcement, changement du regard et du coeur.
Ainsi, l'épître évoquée contient des instructions
pratiques et concrètes adressées « à l'ensemble
du peuple de Dieu dispersé dans le monde » ; elles sont données
dans un souci d'exigence et de cohérence entre foi et actes,
entre ce qu'on est et ce qu'on fait, cohérence à rechercher
dans un face-à-face avec soi-même et avec Dieu. Les thèmes
abordés s'enchaînent sans qu'il soit néanmoins possible
de dégager une logique dans la succession des sujets traités
: la persévérance de la foi, la lutte contre les dominations
sociales (argent, pouvoir...), sont le résultat, pour l'Apôtre,
d'un équilibre entre l'écoute et la réalisation de
la parole. Cet équilibre devient une priorité, pour vivre
une foi authentique et vivante, car c'est ainsi que l'Église peut
être solidaire avec ceux qui souffrent, c'est ainsi qu'elle peut
accueillir les petits et les pauvres. Quel dynamisme, quelle persévérance
et quelle foi profonde, quelles exigences se dégagent de cette
lettre ! Ces paroles nous rejoignent dans notre aujourd'hui pour nous
communiquer, pour nous prévenir que « la foi sans les actes
est morte » (2, 26). Vivre selon les préceptes de Jacques,
c'est prendre un risque : le risque d'aller à l'encontre des conventions
sociales, d'être insensé aux yeux du monde, d'avoir la liberté
de porter un regard autre sur ceux qui sont défavorisés
et, par conséquent, d'être radicalement transformé
par la rencontre avec Dieu et avec l'autre. De la nécessité
d'une foi active, nous avons témoigné tous ensemble, catholiques
et protestants réformés, dans une oeuvre collective à
Grignan. Et nous vous invitons à lire ou relire la Lettre de
Jacques.
Que Dieu nous interpelle et nous transforme !
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