Accueil | mise à jour le 8 octobre, 2005 | Chemins de Saint-Jacques, itinéraire européen |
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pourquoi les chemins de saint-jacques-de-compostelle, premier itinéraire culturel européen ? |
"Certains endroits sont marqués
d'un signe mystérieux. Ils s'imprègnent de la richesse spirituelle qui s'y
est dépensée. Ce n'est point par hasard, mais au contraire par un lien essentiel
que les pèlerinages sont unis au culte des reliques. Barrès, à propos de
la colline de Sion, parlait des " lieux où souffle l'esprit", et il n'avait
pas tort."
Jacques Madaule, Pèlerins comme nos pères, |
En 1987, le Conseil de l’Europe a montré
une belle audace en choisissant les « chemins de Compostelle
» comme premier Itinéraire Culturel Européen. Au-delà de la construction
économique, il voulait retrouver les bases d'une identité commune à tous
ces pays aux nationalismes exacerbés. Il fallait trouver comment unir
des pays aussi différents que la Norvège et l’Italie, ou des pays récemment
réconciliés comme la France et l’Allemagne. Mais de là à penser à la promotion
d’un itinéraire conduisant à un sanctuaire catholique ! Car il s’agissait
bien de rappeler aux Européens l'importance de la " mémoire collective
" rattachée à Compostelle où est vénéré un tombeau d’un compagnon
du Christ, l’apôtre saint Jacques. De nombreux papes ont affirmé que des
foules venues de toute l’Europe s’y étaient rendues depuis des siècles,
tout en mêlant leurs cultures respectives. Mais comment les Protestants
allemands pouvaient-ils accepter une telle proposition ? Comment les laïcs
français allaient-ils l’interpréter, eux qui avaient œuvré à la séparation
de l’Eglise et de l’Etat ? Comment les Pays-Bas n’allaient-ils pas se
ressouvenir de la domination espagnole ? Comment des esprits cartésiens
de partout allaient-il cautionner des manifestations pèlerines qu’ils
pensaient réservées à des naïfs en quête de miracles, exploités par un
mercantilisme habile ? En fait, les bases étaient jetées dès les années
1960 par quelques intellectuels, dont le plus connu en France est resté
René de La Coste-Messelière. Cette idée ingénieuse avait déjà
fait ses preuves. Elle avait germé dès la fin de la guerre civile en Espagne.
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«… ô vieille Europe je te lance un cri plein d’amour : retrouve-toi toi-même, sois toi-même, découvre tes origines, renouvelle la vigueur de tes racines, revis ces valeurs authentiques qui couvrirent de gloire ton histoire et firent bénéfique ta présence dans les autres continents.» |
de l’itinéraire symbolique aux chemins balisés |
Dans les années 1980, le mot Compostelle n’évoquait rien pour la grande majorité des populations européennes. Même les milieux intellectuels connaissaient mal son histoire. La recherche historique avait été orientée sur les itinéraires à partir de 1938 par la traduction sous le titre de Guide du pèlerin du dernier Livre du Codex Calixtinus, manuscrit du XIIe siècle conservé à Compostelle. Ce titre avait fait croire que ce Livre était l’ancêtre des Guides Bleus alors qu'il n'a été copié qu'à quelques exemplaires en Europe. |
Ce guide indiquait quatre routes partant de Tours, Vézelay, le Puy et Arles et menant à Compostelle. Quatre «routes historiques» arpentées par des foules de pèlerins : la part de l’Histoire était suffisante. En Espagne, le "Camino Frances" était l'itinéraire quasiment unique. En France, depuis les années 1970, Le Puy s'est imposée comme point de départ principal. |
Restait à tracer, au-delà de ces routes franco-espagnoles, des routes européennes. Ce à quoi s’est employé le Conseil de l’Europe avec l'aide d'experts, rejoint en cela quelques années plus tard par l'UNESCO. Proposer des routes, même s’il s'agit pour certains pays seulement d'indications, mais surtout les baliser à outrance est souvent imprudent, car alors le symbole a tendance à s'effacer devant une approche géographique trop rigide. Aussitôt ont surgi des guides touristiques à usage des automobilistes. Les villes s’en sont mêlées, chacune voulant être placée sur le fameux Chemin Historique. On a numéroté les routes européennes, du n°1 au n°9 ! Puis les marcheurs ou les cyclistes ont voulu des sentiers. |
Une fièvre a saisi beaucoup de pays européens : mettre en place des pancartes, avec le logotype de l'Europe. C'est certes une reconnaissance de l'idée européenne, mais c'est parfois trop. La saturation guette aujourd'hui, d'autant plus forte que le discours monolithique qui est tenu tout au long de chaque itinéraire s'affadit de proche en proche. |
Des concurrences se font de plus en plus dures, chacun voulant profiter du flux des pèlerins. Face au succès, il n'est que temps de travailler à mieux faire connaître la richesse historique du pèlerinage. Le Conseil de l'Europe a en effet toujours souhaité que ces chemins soient aussi ceux de la connaissance et de la recherche de l'authenticité. |
un parcours mieux compris – une vision dynamique, vivante et intégrée au présent. |
Dans les années 1990, la recherche a progressé. Ses résultats ont fait comprendre que les «rues Saint-Jacques, Jakobstrasse, via San Giacomo» n’ont pas «mené pendant des siècles à Compostelle». |
Elles sont les ultimes souvenirs de dévotions locales à saint Jacques qui se marquaient par des rituels, des pèlerinages, des fêtes, des manifestations d’entraide, bref, des structures de sociabilité originales et réutilisables aujourd’hui dans des cadres très divers. On sait maintenant que tous les hôpitaux Saint-Jacques n'étaient pas réservés aux pèlerins et que tous les pèlerins n'allaient pas à Saint-Jacques de Galice. Leur rôle social est mieux compris et reconnu. On sait aussi que le sanctuaire de Compostelle a nourri l’imaginaire des peuples européens mais qu'il a été moins fréquenté que l’ont cru les premiers chercheurs. Son histoire fut riche de dévotions, de prières autant que d’expéditions guerrières, d’enjeux politiques ou commerciaux, de fêtes et de légendes. |
Au XIIe siècle, Compostelle s’est fait connaître en Europe afin d’inciter la chevalerie à venir soutenir l’Espagne dans sa lutte contre les Infidèles, et aider le jeune roi Alphonse VII à sauver son trône face aux prétentions de l’Aragon. Une chronique pseudo-historique, le Pseudo-Turpin, fait de Charlemagne le premier pèlerin européen et le premier guerrier. |
Les rois de France ont ensuite utilisé ce texte pour inciter leurs chevaliers à aller guerroyer en Espagne quand ils le souhaitaient. Chemin faisant, s’interpénétraient les cultures. On sait aussi que les mentions de foules cheminant vers Compostelle se réfèrent aux foules symboliques des Elus de l’Apocalypse se dirigeant vers une Jérusalem Céleste rendue attrayante par la beauté des récits et l'habileté des responsables de la Cathédrale. Au Moyen Age, les pèlerins n'étaient pas aussi nombreux que l'ont cru les premiers chercheurs. Mais leur flux a rarement tari malgré les vicissitudes de l'histoire. Ils se sont faits plus nombreux au moment des guerres de Religion, lorsque les catholiques angoissés se sont tournés vers l’Espagne restée indemne d’hérésie. Un point culminant fut atteint au XVIIIe siècle, ainsi qu’en témoigne la richesse de la façade de la cathédrale. Le XIXe siècle et les guerres napoléoniennes ont failli avoir raison du sanctuaire. Aujourd’hui, il participe plus que jamais à la construction de l’Europe. |
le pseudo-turpin à l'école primaire |
Les dessins ci-dessous sont extraits d'un travail fait sur la légende de Charlemagne et de Roland dans une classe primaire du Centre de la France. Ils montrent le combat de Roland et du géant Ferragut sur le Camino Frances. |
Après un dur combat, Roland frappe Feragut au nombril,
son seul point vulnérable dessins de pierre, langouet, guilhem et léa, classe de Caroline Naturel |
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