page établie le 4/06/2004
mise à jour le 20 janvier, 2006 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente Accueil
 

Compostelle :
une ville de pèlerinage aux multiples facettes...

Le regard d'une jeune géographe sur le développement de Compostelle

Compostelle prit son essor au XIIe siècle, allant jusqu’à rivaliser avec Rome ou Jérusalem. L'arrivée de pèlerins mais aussi de visiteurs et de marchands fut de tous temps un facteur de développement urbain.
Santiago, ville de pèlerinage...oui... mais pas seulement ! Compostelle est aujourd'hui une ville dynamique, aux activités et aux fonctions multiples, chacune ayant - ou ayant eu - une place importante dans l'organisation et le développement urbain : élargissement ou redéfinition de l'espace urbain, mise en place d'infrastructures, émergence de nouveaux quartiers... La Place de l'Obradoiro en est un résumé parfait. Chacun des quatre bâtiments qui la composent correspond à l'une des fonctions principales de la ville : la cathédrale, cœur du pèlerinage (28) : fonction religieuse ; Le Collège San Xerome, rectorat des étudiants (29) : fonction universitaire ; Le Palais de Rajoy, mairie et Xunta (26) : fonction administrative et politique ; L'ancien hôpital des Rois catholiques, désormais Parador national (24) : fonction touristique.

Santiago a d'abord une fonction religieuse. L'afflux de pèlerins et le nombre de communautés désireuses d'avoir une place et un rôle dans la ville Sainte lui ont donné une physionomie religieuse indiscutable (46 églises, 144 clochers, 288 autels... 20,83 ha d'édifices religieux !). Cette physionomie est aujourd'hui intacte et elle continue d'être le lieu de grandes manifestations -telles que les JMJ de 1989- et le point final d'un chemin de pèlerinage en plein essor.

Santiago... célèbre ville de pèlerinage située au cœur de la Galice, dans ce qui était au Moyen-Age la fin du monde connu... une ville-musée aux rues étroites et aux églises rongées de mousse... un lieu mystérieux et théâtral.
La ville s’est développée autour de la tombe supposée de saint Jacques.

 

 

 

 

 

 

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En 1495, la fondation de l'Estudio Compostelano dota la ville d'une fonction universitaire. Elle devint l'un des plus importants centres culturels et éducatifs de la péninsule et sa renommée dépassa vite les frontières du pays... Dans les années 1960 l'Université, désirant s'ouvrir à tous, se réorganisa. Les cinq facultés d'origine firent place à plus de 39 centres éducatifs. Le nombre d'étudiants fut presque multiplié par 20 en trente ans (3.250 en 1960, 60.000 en 1990), obligeant en 1989 le gouvernement à délocaliser des enseignements et à créer deux campus, au Nord et au Sud de la Galice. Malgré ces mesures, en 1991, l'Université comptait 42.652 étudiants soit près de la moitié de la population urbaine (93.650 hab.) !

Déjà en plein essor, Santiago vit en 1980 sa fonction politique et administrative se développer. Située au centre de la Galice et sur le principal axe de communication reliant les grandes villes régionales, forte de son poids historique et universitaire et de sa valeur emblématique, la ville était le lieu idéal pour accueillir le pouvoir politique et administratif de la région (Xunta et Parlement de Galice). Capitale de la Galice, elle est dès lors LE point de référence au même titre que Barcelone pour la Catalogne ou Bilbao pour le Pays-Basque.

C'est cependant la fonction touristique qui connaît le plus grand essor et dont les répercussions sont les plus spectaculaires. Les richesses de la ville et de son pèlerinage lui valurent d'être mise sur les listes du Patrimoine Mondial de l'Humanité en 1985. Le Chemin fut classé Premier Itinéraire Culturel Européen en 1987 et Patrimoine Mondial en 1992. Santiago a alors développé une véritable politique touristique : à l'occasion de l'Année Sainte 1993, le gouvernement régional mit en place son Plan Xacobeo - envié par les uns, critiqué par beaucoup - basé sur la réhabilitation et le développement du thème du pèlerinage. Ce programme - devenu projet d'État et toujours en vigueur - fit prospérer le tourisme au point qu'il devienne presque une mono activité dans le centre historique. L'afflux de touristes pour les Années Saintes 1999 et 2004 ne cesse de modifier la physionomie de la ville (construction d'hôtels, routes, salles de spectacles, agrandissement de l'aéroport...)

Des fonctions dites secondaires s’ajoutent : une fonction sanitaire qui ne cesse de s'accroître en donnant à la ville le monopole de la santé en Galice (équipements médicaux, spécialistes...) et une fonction commerciale elle aussi en expansion avec la création de zones spécialisées (centres commerciaux, marché régional de Gros, zones franches industrielles...)

Santiago est donc une ville dynamique aux multiples facettes : ville de pèlerinage, ville étudiante, centre politique, économique, touristique, sanitaire... Bien peu de villes de pèlerinage de cette taille (à peine 100.000 hab.) peuvent se prévaloir d'une telle situation... Elle a su tirer profit de ses atouts en faisant de cette pluri-fonctionnalité une force qui lui permet de retrouver progressivement, dans une Europe qui se construit et cherche ses repères, la place qu'elle y avait dès le Moyen-Age...


Constance Dalisson,
géographe, auteur d'un travail de recherche inédit : "Santiago de Compostela : Le pèlerinage, origine et avenir d'une ville" (octobre 1997-Universités de Bordeaux III-Santiago de Compostela)

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