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Accueillir les pèlerins : ce sujet a, depuis quelque temps fait
couler beaucoup d'encre et de salive du fait de l'augmentation constante
du nombre des pèlerins sur le Camino Frances, comment pratiquer cet accueil
? Y aurait-il des priorités dans l'accès aux refuges ? , etc. . . . C'est dans cet état d'esprit que je suis arrivé à Logroño en fin août. Je connais
bien ce refuge pour y avoir servi trois années déjà, vaste refuge municipal de 68
lits et de 21 « colchones » (matelas par terre), refuge luxueux avec fontaine dans
le patio, machines à laver et à sécher le linge, distributeur de boissons chaudes,
cuisine parfaitement équipée, sanitaires en excellent état, et même. . . sa majesté
«internet ». C'est l'Association des Amis du Chemin de Saint Jacques de la
Rioja qui est en charge du fonctionnement, de l'entretien et de la gestion de ce
refuge, l'hospitalero jouissant toutefois d'une grande liberté d'action et de la
confiance des dirigeants de l'Association. Dès l'arrivée, le problème, si discuté et sujet de polémiques de la perception d'une somme d'argent auprès du pèlerin à son arrivée au refuge a été soulevé et le président de l'Association a jugé souhaitable que soit rétablie cette perception de 300 pesetas par pèlerin et par jour, remplaçant le « donativo » pratiqué par l'hospitalera précédente. De plus, suite à une question de ma part, il m'a été précisé qu'en cas de réticence ou de refus d'un pèlerin à acquitter cette somme, les bras et le coeur devaient rester ouverts à l'accueil. En pratique, j'ai essayé d'acquérir le réflexe de demander à chaque pèlerin de participer, s'il le voulait bien, à hauteur de la somme décidée, au bon fonctionnement du refuge; il n 'y a eu AUCUN problème pendant ces trois semaines. Comment se déroule la journée de l 'hospitalero à Logroño ? :Lever à 7 heures, les premiers pèlerins étant déjà partis depuis longtemps. A
la question, souvent posée : »A partir de quelle heure peut-on partir ? » la
réponse était : Liberté totale, à la condition de respecter le sommeil des autres ;
quelques contraintes, par contre, pour l'heure limite de départ : le refuge se doit
d'être libéré au plus tard à 8 heures et les traînards de 8 h 30 étaient invités à se
presser. . . ou à prendre le balai et la serpillière ! . . . en effet, les deux
hospitaleros assument, le matin, un certain nombre de tâches domestiques,
notamment en aidant la femme de ménage appointée par la mairie. Cette
participation au ménage, est un premier point fort du don de l'hospitalero aux
pèlerins: geste humble, comparable, toutes proportions gardées au «lavement
des pieds ». Je n'ai vu aucun de mes collègues hospitaliers se plaindre de cette
tâche qui pourrait paraître ingrate ! c'est l'ouverture des portes. Entre 20 et 60 pèlerins ont déjà terminé
leur étape, arrivant, qui de Los Arcos, qui de Torres del Rio et, patiemment,
attendent cette ouverture, dont l'heure me paraît bonne ; si possible, j'ouvrais
d'ailleurs la porte quelques minutes avant l'heure, heureuse surprise pour les
pèlerins ! Ce moment est aussi un des plus importants de la journée, celui ou il
faut être à la fois accueillant, rapide et efficace : l'accueil par le sourire, le
bonbon et l'eau fraîche, les sièges proposés ; l'efficacité par la présentation
rapide de ce vaste refuge en espagnol, en français, en anglais, en n'oubliant pas,
le cas échéant, le bongiorno, le bom dia, le gutten tag et le sayonara !
l'inscription du pèlerin sur le registre, et, au plus vite, l'affectation d'un lit pour
que l'arrivant n'attende pas trop longtemps la délicieuse douche reposante. Cette
séquence prendra en moyenne une heure, au fur et à mesure de l'arrivée des
pèlerins salués bruyamment par ceux qui les ont précédés ; l'accompagnement
des arrivants et le portage des sacs peut se faire quand il y a plusieurs
hospitaliers. Peu à peu, alors que certains continuent à arriver, seuls ou en
groupes, d'autres descendent une fois reposés, avec leurs questions et leurs
préoccupations éventuelles ; c'est le début de la partie relationnelle du «travail »
de l 'hospitalero qui va pouvoir « éponger » les soucis de ses frères pèlerins, échanger avec eux, et Dieu sait la richesse qui peut résulter parfois
pour l'un et pour l'autre de tels échanges ! on peut considérer que tout le monde est au bercail; seuls
quelques cyclistes, quelques marcheurs attardés, quelques personnes commençant leur pèlerinage le lendemain arriveront plus tard. Bien reposés, les
pèlerins tiennent leur journal de bord, visitent la Cathédrale et les églises de la
ville, font leurs courses, se mettent en quête de l'heure d'une messe, préparent
leur repas ou vont le prendre en ville, préparent l'étape du lendemain, bref,
vivent leur vie de pèlerins ! tous les pèlerins étant de retour, la plupart déjà au lit, il ne reste plus
à l'hospitalero qu'à fermer les portes, et à s'assurer que le silence se fait peu à
peu. Alain LE STIR
P.S. : En trois semaines 1500 pèlerins ont passé une nuit au refuge de Logroño, dont à peu près 200 français. |
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