mise à jour le 14 avril, 2017 | Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. | survol du site | Page précédente | Accueil |
Dans l’Antiquité, la coquille est symbole d’Amour (coquille de Vénus). Elle protège des mauvais sorts et des maladies. On place des coquilles au côté des dépouilles mortelles en guise d’ornement ou d’offrande mortuaire. On en a ainsi retrouvé à Paris dans les tombes d'un cimetière mérovingien, bien avant la découverte du tombeau de saint Jacques à Compostelle.
o Au XIIe siècle, Compostelle s’approprie la coquille | |
« Les pèlerins qui reviennent de Compostelle rapportent des coquilles, qui signifient les bonnes oeuvres… Il y a dans la mer de Saint-Jacques des poissons communément appelés vieiras qui ont sur deux côtés des protections en forme de coquilles, entre lesquelles se cache un poisson analogue à l’huître. Les valves de la coquille sont formées comme les doigts d’une main (les Provençaux les nomment nidulas, et les Français crousilles). | |
Les pèlerins les fixent au retour du tombeau de saint Jacques à leurs capes en l’honneur de l’apôtre comme en son souvenir et les rapportent avec grande joie chez eux en signe de leur long périple. Les deux valves du coquillage représentent les deux préceptes de l’amour du prochain auxquels celui qui les porte doit conforter sa vie, à savoir aimer Dieu plus que tout et son prochain comme soi-même… les valves qui sont disposées à la façon des doigts désignent les bonnes oeuvres dans lesquelles celui qui les porte doit persévérer. Et les bonnes oeuvres sont joliment désignées par les doigts, parce que c’est par eux que nous opérons lorsque nous faisons quoi que ce soit. Ainsi, de même que le pèlerin porte la coquille tant qu’il est sur le chemin de l’apôtre, de même il doit se soumettre aux commandements du Seigneur» traduction Bernard Gicquel* Voir dans la revue SaintJacquesInfo, l'article de Bernard Gicquel saint Jacques nouvel Hermès qui apporte des compléments importants sur la symbolique des attibuts du pèlerin |
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o La coquille insigne de pèlerinage | |
La coquille est certes vendue
à Compostelle au XIIe siècle, mais elle l'est également
ailleurs, en particulier au Mont Saint-Michel. L'illustration
ci-dessus, présentant Louis XI au premier Chapitre de l'Ordre
de Saint-Michel (1469), figurant dans le manuscrit des Statuts
de l'Ordre de Saint-Michel, f° 1, (BnF) fournit une preuve
de l'importance de la coquille pour cet Ordre.. A partir du XVIe siècle, il semble que les pèlerins de Compostelle,
plus nombreux qu'ils n'ont jamais été, augmentent considérablement
le nombre de coquilles qu'ils portent sur leur costume. C'est ce que souligne
ce dialogue des Colloques d'Erasme (3) ; écrits en ce début du
XVIe siècle : | |
coquille en jais, souvenir de Compostelle |
Aucun rituel de pèlerinage ne mentionne la coquille parmi les insignes remis au pèlerin, pour la bonne raison qu'à l'origine, dit-on, le pèlerin devait lui-même ramasser sa coquille sur les plages...Dit-on...car les textes ne parlent que de coquilles-souvenirs vendues sur les lieux pèlerins, parfois bien éloignés de la mer : coquilles naturelles, peintes ou reproduites en métal plus ou moins précieux. L'un des 23 miracles (4) accomplis par saint Jacques à Compostelle attribue
à cette coquille des vertus curatives : un chevalier atteint d'une affection
de la gorge est guéri par l'imposition de la coquille d'un pèlerin
sur la partie malade. Les textes médiévaux, s’ils parlent beaucoup de la «
coquille », ne la qualifient pas de « Saint-Jacques ». |
Il faudrait reprendre chacun des auteurs qui, depuis Aristote, ont tenté
d’établir des classifications scientifiques des espèces
animales (Vincent de Beauvais et Albert Legrand au XIIIe siècle)
pour voir si le terme « coquille Saint-Jacques » est employé.
Il est présent en 1554, dans l’ Histoire entière des
poissons de Guillaume Rondelet (5) qui constate l’existence de deux
mots latins pour désigner l’objet, Pecten et Pectunculus.
L’espèce Pecten, dit-il, porte différents noms selon
les régions : en Languedoc on l’appelle Large coquille, ailleurs
Coquille S. Iaques, en Italie Cape sante. Le nom se systématise
seulement au XVIIIe siècle, avec les classifications de Linné
qui allient définitivement la coquille au pèlerinage de
Compostelle
1) Il est rare que la coquille ait un lien direct avec un pèlerinage à Compostelle d'un membre de la famille ainsi " blasonnée ". C'est le cas de Jean de Coucy-Bosmont, cadet de la branche Coucy-Vervins qui, à son retour de Compostelle en 1280 surbrisa le " bâton " qui était déjà dans les armes de ses pères et le transforma en une bande chargée de 3 coquilles (6). 2) D'autres fois, la coquille correspond à une tradition familiale, sans que l'on sache vraiment si un membre de la famille est réellement allé à Compostelle. Voici l'exemple de la famille du chroniqueur Philippe de Commynes (1445-1511) - En 1246 un ancêtre fonde une chapellenie en l'honneur de saint Jacques
dans l'hôpital de la ville de Commynes. Plus tard, on y trouve un hôpital
Saint-Jacques | |
armoiries de Mgr Martin, évêque du Puy |
4) Enfin, des coquilles figurent sur des sceaux de collectivités, qui
présentent un lien avec saint Jacques, à défaut d'un
lien avec Compostelle ; Villes, hôpitaux, confréries, abbayes
portent parfois des coquilles. En 1940, lorsqu'il devint évêque du Puy en Velay, Mgr Martin choisit une coquille et un champ d'étoiles pour rappeler son pèlerinage dans ses armoiries. o Armes parlantes, inspirées par le patronyme A Saint-Amand-Montrond (Cher), le gisant de Pierre Pèlerin (12), bourgeois de la ville inhumé en 1494 au couvent des Chartreux, porte son blason "trois bourdons de pèlerin, en pal, chargés chacun d'une coquille". A Bourges, les armes de Jacques Cœur sont un cœur et une coquille : " d'azur, à la fasce d'or, chargée de trois coquilles de sable, accompagnées de trois cœurs de gueules " |
o La coquille sur le costume de l'ancien pèlerin de Saint-Jacques o La coquille sur les linteaux de portes o Où l'on retrouve la coquille du pèlerin
Denise Péricard-Méa
1 - Chronique des règnes de Jean II et de Charles V, éd.
Delachenal, Paris, 1916, t. II, p.269. |
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