mise à jour le 20 janvier, 2006 | Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. | survol du site | Page précédente | Accueil |
Aujourd’hui,
Conques affiche un blason ainsi décrit : « de gueules au pairle
alaisé d’argent
accompagné de trois coquilles du même ».
Interrogée
sur la signification de ce blason, une jeune guide de la ville affirme : « les
coquilles sont celles des pèlerins
de Compostelle et le Y représente les chemins de Compostelle,
un qui arrive à Conques et deux qui en repartent » En
réponse à une question sur l’origine de ce blason,
elle le fait remonter « au XIe siècle au moins » et
se réfère « au passage de saint Jacques à Conques ».
Surpris de ces affirmations péremptoires, nous avons entrepris
des recherches pour retrouver l'origine de ce blason. Cette
jeune guide n'était pas effleurée par le doute lorsque
nous l'avons interrogée. Pourquoi douterait-elle ? Comment
douter, alors que, depuis 1998, l’abbatiale
et le pont sur le Dourdou sont classés au Patrimoine Mondial
de l’UNESCO comme « éléments essentiels de
l’architecture au long des chemins de Compostelle » ? | |
Le site Internet de la ville développe la symbolique des chemins sans donner d’indication de date. Il formule une hypothèse sur le Y en considérant comme évidente la position de Conques sur la route le Puy-Compostelle, entre Estaing et Figeac : « la croissance urbaine a pu se réaliser à partir de l'embranchement de deux chemins, peut-être préexistants en forme d'Y : c'est le pairle héraldique (un Y aux bras inégaux) qui figure, accompagné de trois coquilles, sur les armes de Conques. Il s'agit d'abord de la via podiensis, la route de pèlerinage venue d'Estaing qui traverse le bourg dans sa plus grande longueur entre l'ancienne porte de Fumouze et la porte de la Vinzelle pour gagner Figeac. Sur cette rue Haute (actuelle rue Émile-Roudié) vient se greffer la rue Charlemagne qui descend à l'église, puis franchit la porte du Barry et dévale le versant jusqu'au pont romain sur le Dourdou. ». On peut faire trois remarques : | |
Deux études sérieuses[1] et concordantes remarquent
qu’aucun
blason des abbés de Conques ne porte de coquille, mais que le
blason de la ville porte une marmite, dite conca en occitan.
Il pourrait s’agir alors d’armes parlantes, allusion au
site dans lequel est bâtie l’abbaye, une vallée
enchâssée
dans des montagnes, une sorte de conca. C’est ce qui figure
sur un sceau du 25 juillet 1303[2], une marmite à trois pieds
et 2 anses surmontée d’une fleur de lys entourée
de l’inscription : S’ CONSOLS D’CONCA | |
Il faut ensuite attendre L’armorial général de France, de Charles d’Hozier, juge d’armes de France, réalisé en 1696 à la demande du roi Louis XIV. Chaque ville et communauté devait déclarer ses armoiries afin qu’elles soient répertoriées, moyennant finances. Hormis quelques rares déclarations spontanées, la plupart des blasons ne sont que des créations dues à l’imagination parfois fertile, des employés de l’Armorial. Pour Conques, aussi bien pour la ville que pour le chapitre de l’abbaye apparaissent des perles et des coquilles d’huître, deux éléments aussi énigmatiques l’un que l’autre. Les huîtres seraient-elles une allusion à la conca ? Et la perle une allusion à l’abbaye, perle du village ? Ou aux trois pieds de la conca ? En tout cas, si le manuscrit descriptif permet d’hésiter entre la lecture « perle » ou « pairle » (le fameux Y panneau indicateur routier), le manuscrit des dessins n’autorise aucune confusion, il s’agit bien de « perles », ainsi qu ’on peut le vérifier sur les dessins ci-contre.
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Ces armes apparaissent d’autant plus fantaisistes qu’en
1758 les armes de l’abbé François-René d’Adhémar
de Panat surmontant celles de la ville, portent encore en pointe les
mêmes deux marmites à trois pieds que celles du XIVe siècle.
Elles figuraient sur une croix en métal érigée
sur la place de l’église (encore en place au début
du XXe siècle, aujourd’hui au musée Joseph Fau) | |
Quant au pairle, n’est-il pas né, comme cela s’est déjà vu, d’une schématisation de la fleur de lys ? En 1938, Jacques Meurgey[3], qui n’avait pas vu les dessins, y a-t-il pensé quand il s’interrogeait : perle ou pairle ? | |
Le pairle l’a emporté sur la perle fine, le
11 avril 1954, dans une délibération du Conseil municipal de Conques
dont voici le texte tel qu’il fut retranscrit dans les registres
: | |
Faute d’avoir eu accès à cette étude on
s’interroge sur sa teneur. Quelle symbolique les auteurs ont-ils
attribuée aux meubles héraldiques et aux couleurs ? Ont-ils
pensé à Compostelle ? On remarque simplement que le mot « coquille » n’est
pas employé, seulement la « conque » ou conca. Jacques d'Anvailles [1]Lançon, Pierre et Poulet, Jacques, « Le trésor héraldique de Conques et de son abbaye », Etudes aveyronnaises, 1995, p. 195-217 Izarny-Gargas, Louis d’., Armorial général Languedoc, 1992 [2]Paris, AN J 478 n°3. Exposé au musée d’histoire de France, D 5632 [3]Meurgey, Jacques, Armorial de l’Eglise de France, 1938 www.conques.com/visite |
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