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Castillon-en-Couserans, chef-lieu de canton de l’Ariège,
est situé dans
une haute vallée des Pyrénées, la vallée de Bethmale.
Les comtes de Comminges en furent les seigneurs. De leur château dominant
le village ne reste, semble-t-il, que la chapelle romane, vouée à saint
Pierre. En 1997, lors de la restauration de cette chapelle furent mises à jour
de nombreuses fresques dont l’une, sur le mur nord, à droite de
la petite fenêtre romane illustre l’un des miracles les plus connus
de saint Jacques, la légende du pendu dépendu.
Janine Michel, doctorante en Histoire de l’Art à l’Ecole
des Hautes Etudes en Sciences Sociales à Paris, sous la direction de
Michel Pastoureau, analyse cette fresque en la situant parmi toutes les autres
représentations iconographiques de cette légende réparties
dans toute l’Europe.
La fresque du mur nord | |
Au centre se dresse le gibet où un enfant
est soutenu délicatement par un long personnage qui semble être
saint Jacques ; derrière lui une femme aux cheveux longs, la main gauche
levée, approuve et encourage le miracle ; elle pourrait être la
Vierge qui parfois aide ou remplace saint Jacques pour soutenir le pendu. A
droite, deux personnages plus petits ne peuvent être que les parents
du jeune pendu, revenant de Compostelle et découvrant leur enfant vivant.
L’arc brisé trilobé qui surmonte la scène, soutenu à gauche
par une colonne à chapiteau permet de dater approximativement la peinture,
entre 1350 et 1450. | |
La légende initiale, rapportée par le Codex Calixtinus, a été complétée et diversifiée au cours des siècles : comme à Castillon, la mère participa fréquemment au pèlerinage ; puis l’hôtelier cupide fut souvent remplacé par la servante amoureuse du fils, éconduite par celui-ci, et décidant de se venger en cachant la coupe. Enfin s’ajouta le miracle des coqs quand le père s’adresse au juge pour demander la dépendaison : le juge ne croyant pas plus au fait que le fils soit vivant qu’il ne croit que les poulets rôtis puissent s’envoler et chanter voit, émerveillé, les poulets sortir de l’âtre en chantant ! Pourquoi ce thème ? | |
Les représentations de ce miracle sont très nombreuses
en Europe. L’observation de la carte ci-contre (en cours de réalisation)
montre en tout cas clairement qu'elles
ne balisent pas les quatre «Voies Historiques», décrétées
officielles, du pèlerinage à Compostelle. Pour expliquer leur
présence une autre référence que le pèlerinage
semble nécessaire. Dans
le cas de Castilon, si cette chapelle Saint-Pierre est vraiment
la chapelle castrale, la présence
de ce miracle confirmerait l’hypothèse du choix fréquent
de ce thème pour accompagner dans la mort les âmes des seigneurs
qui y sont inhumés (autres exemples à Villeneuve d’Aveyron
et à Canville-la-Roque en Normandie). En effet, l’Epître
de Jacques qui, au Moyen Age, est souvent attribuée à « l’apôtre
Jacques » sans autre distinction, est le texte fondamental d’où a
découlé le sacrement de l’Extrême-Onction. | |
Castillon-en-Couserans entre Espagne et AuvergnePlusieurs autres représentations de ce miracle sont situées
dans l'ancienne grande Aquitaine : Miracle V du Livre des miracles de saint Jacques (XIIe siècle)
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