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Saint-Jacques des Blats et l'Espagne

Allocution de bienvenue à Saint-Jacques-des-Blats prononcée en juillet 1962, par Maurice Delort, de l'université de Toulouse, ancien interne des hôpitaux de Clermont, Conseiller Général, en l'honneur de Mgr Quiroga y Palacios, archevêque de Compostelle, invité par l'abbé Jammet curé de la paroisse.
Cette visite a été l'occasion d'inscrire la commune sur un "chemin de Compostelle" qui n'a pas été retenu par la suite comme chemin de Grande Randonnée portant le label "Saint-Jacques". L'Auvergne, partie de la grande Aquitaine, a eu, dans l'histoire de nombreux liens avec l'Espagne. En 1962, beaucoup ont cru que ces liens étaient tous liés au pèlerinage de Compostelle. Les propos de M. Delort, sans doute optimistes sur le nombre des pèlerins, ne manquent pas de souligner leur importance.

Noun Seinhour,
Penso de moun deber de Counseillé Général d’ô Sent Jacques des Blats, de m’ensserbi de le lenguo des Anciens per bous rendre gracias de l’honour que nous fasès en beni dans nostros mountanhos et per bous dire cossi estimons eici, anhuéi, lou prix de la presence del plus grand ebesquo d'Espanho ;
Ses bengut Moun Seinhour, omb nostre ebesquo Maurice Pourchet per bénitji la peyro que be de leba, nostro curat l’abba Jammet. Bons remercions tout ses tres.
Aquelo peyro es lebado per dire a tout lou monde, que de centenats et des centenas de cristios sous passats sur aquelo routo les uels lebats sur les estielos de la Carraouo de Sent Jacques, per ana à Santiago de Compostelle prega nostro Patroum Coumun.
Aquelo peyro es per nous fa soubeni de toutes les omos d’aquelo countrado que sous ana en Espanho per trobalha.
Les tsours passats en Castille ou en Galice aouo marqua nostre pais « eici son un paouo d’Espanho ». Nostro lengo, nostro pataï es esta toucat per oquel cousinatso amb bouostro Païs et si de dolaï lou liouron disoun : uno batsho, uno tschabro, un tsçhi, naoutres dison et n'en son fiers : uno cabro, un co unu baco.
Aquestchos bouyatsos en Espanho aouo marqua nostro pais dius soun coustmo. Nostres beilets, - dobon Diou sias-coum, - pourtabou petchiouno besto de raso et gron copel bourru, - les chales, les coulards d’or de nostros anciennos beniou d’Espanho.
Peyro routso d'o Sent Jacquo,
Peyro lebado de la Croyanco,
Peyro lebado del soubenir,
Peyro lebado de l’amista, entre nostrestres,
Païs ; l’Espanho, l’Oubernho et la Francio
Peyro troucado d’uno estielo te saludons… et aro qu’e t’aon benetjido… foson…
te saludons et foson proumessa de te garda en prega Diou que sogues-ses per toutsours la peyro de lo Pa et de lo Liberta »

Monseigneur,
Je pense de mon devoir de prendre la langue de nos anciens pour vous remercier de l’honneur que vous nous faites en venant dans nos montagnes, et pour vous dire combien nous apprécions aujourd’hui, ici, le prix de la présence du plus grand évêque d’Espagne.
Vous êtes venu, Monseigneur, avec notre évêque Maurice Pourchet pour bénir la pierre que vient de dresser notre curé l’abbé Jammet. Nous vous remercions tous les trois.
Cette pierre est levée pour rappeler à tout le monde que des centaines et des centaines de chrétiens sont passés sur cette route, les yeux levés vers les étoiles du Chemin de Saint-Jacques, pour aller à Saint-Jacques-de-Compostelle prier notre commun patron.
Cette pierre nous fait penser encore à tous ceux de notre pays qui sont allés en Espagne pour y travailler.
Les jours passés en Castille ou en Galice ont marqué notre pays. Ici nous sommes un peu d’Espagne.
Notre langue, notre patois à été touché par ce cousinage avec votre pays, et si au-delà du Lioran on dit une vache batche, une chèvre chabre, un chien chi nous, nous disons et sommes fiers uno baco, uno cabro, un cho (Ko).
Ces voyages en Espagne ont marqué notre pays dans son costume. Nos anciens –devant Dieu soient-ils ! – portaient petite veste rase et grand chapeau bourru, et les châles et les foulards de nos grand-mères venaient d’Espagne.
Pierre rouge de saint Jacques !
Pierre levée de la croyance !
Pierre levée du souvenir !
Pierre levée de l’amitié entre nos trois pays : l’Espagne, l’Auvergne et la France,
Pierre trouée d’une étoile nous te saluons
Et maintenant que nous t’avons bénie, nous faisons promesse de te garder, en priant Dieu, pour que tu sois toujours la Pierre de la Paix et de la Liberté.

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