Accueilmise à jour le 9 mai, 2015 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du sitePage précédente
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ANNEES SAINTES ou JUBILAIRES

L'année sainte ou jubilaire est une période au cours de laquelle l'Eglise accorde de singulières grâces spirituelles aux fidèles, en imitant la Bible en ce qui concerne l'année Jubilaire des Israéliens : tous les 7 ans, on célébrait l'année Sabbatique lors de laquelle celui qui avait vendu ses terres par besoin les récupérait et les esclaves devenaient libres. Tous les 50 ans, c'était l'année jubilaire (Lv.25). Jésus dit qu'il vient annoncer “ une année de grâce du Seigneur ” (Lc. 4, 16). L'année sainte est une grâce offerte à tous et singulièrement une invitation, à renouveler sa foi, à revenir vers une vie chrétienne. Les pèlerins qui en sont jugés dignes se voient alors octroyer une indulgence plénière.
L’indulgence plénière est une remise de la peine temporelle. En effet, si le confesseur peut effacer les fautes, il reste la marque d’une peine temporelle qui doit s’accomplir dans le Purgatoire. D’où l’idée largement répandue que le pèlerinage à Compostelle lors d’une année Sainte permettra au pèlerin d’entrer directement au Paradis.

A Rome :

En1300 le pape Boniface VIII institue un jubilé pour Rome, renouvelable tous les 100 ans. La grâce accordée est l’indulgence plénière pour tous ceux qui visiteront 15 jours de suite les basiliques de Saint-Pierre et de Saint-Paul.
Clément VI (1342-1352) prévoit un jubilé tous les 50 ans, donc un jubilé en 1350
1390 est déclarée année jubilaire, en avance de 10 ans.
1423 est déclarée année jubilaire par Martin V (1417-1431) en mémoire du Christ car 33 ans se sont écoulés depuis 1390
1450 Nicolas V (1447-1455) instaure un jubilé tous les 25 ans.

 

A Compostelle :

L'année jubilaire à Compostelle a lieu lorsque le 25 juillet tombe un dimanche " en mémoire de ce que la découverte du tombeau de saint Jacques fut faite un dimanche ". Ce qui reste une hypothèse.
Elle se produit avec une périodicité de 11, 6, 5, 6 ans.

*voir ci-dessous la séquence des années saintes du XXe siècle

Une bulle papale de 1179 et la chronique d’Alphonse VII voudraient faire remonter à 1122 l’octroi par Rome de cette année jubilaire au sanctuaire galicien. Il n’en est rien : la bulle est fausse et la phrase de la chronique a été interpolée. Les érudits tendent à s’accorder pour dater la première année jubilaire au plus tôt du début du XIVe siècle en raison de deux mentions au jubilé romain qui fut décrété par Boniface VIII en 1300.

«… Considérant qu’en d’autres temps, Calixte II, pontife romain, notre prédécesseur d’heureuse mémoire, pour l’ardente dévotion qu’il a éprouvée envers le bienheureux saint Jacques Zébédée … et à cause des pèlerins innombrables qui, en permanence de toutes parts du monde, convergent pour obtenir le pardon de leurs péchés, croyant en outre obtenir la santé pour leurs âmes grâce aux mérites d’un si grand apôtre … renforça au moyen de privilèges, grâces et indulgences du Siège apostolique, la sainte Eglise compostellane où le corps vénéré est enseveli avec honneurs.
Considérant aussi que, voulant que cette église bénéficie de la protection apostolique, il lui concéda en outre … pour tous et chacun des fidèles du Christ, de l’un et l’autre sexe, qui la visiteraient, dûment pénitents et confessés, durant l’année où la fête de saint Jacques tomberait un dimanche, depuis la veille de la Circoncision du Seigneur et pour toute l’année entière les jours où il leur plairait de la visiter, et pour toute la journée à la fin de cette année … qu’ils obtiennent toutes et chacune des indulgences et rémissions des péchés, même plénières, comme celles qu’obtiennent ceux qui visitent les églises et basiliques romaines, à l’intérieur et à l’extérieur des murs l’année du jubilé, avec la possibilité de choisir leurs confesseurs, lesquels peuvent absoudre aussi dans les cas réservés au Saint-Siège, ceux qui se rendraient à cette église pour obtenir une telle indulgence.
De même concéda-t-il une indulgence plénière perpétuelle pour tous leurs péchés, aux mêmes fidèles du Christ qui, chaque année, repentis et confessés, visiteraient cette église toute la journée entre les premières et les secondes vêpres lors des fêtes de saint Jacques et de la translation de son corps et de la dédicace de cette église … nous conformant dès lors, dans le saint souvenir de nos prédécesseurs, avec les décrets du même Calixte, pape et d’Eugène, et d’Anastase, confiants en la miséricorde de Dieu Tout-Puissant, et en l’autorité de ses apôtres saint Pierre et saint Paul, du fait que nous désirons avec la plus grande affection le salut des âmes et que nous voulons que le glorieux apôtre soit honoré, pour la gloire de Dieu Tout-Puissant et l’accroissement de toute la religion chrétienne … du fait que les mêmes fidèles du Christ, qui continuellement par mer et terre, de toutes les parties du monde, convergent vers son église compostellane, laissant, pour cette dévotion, parents, amis, enfants, patrie et autres biens temporels, se reconnaissent en l’Eglise riche des dons du Christ … Nous approuvons, confirmons et revalidons avec autorité apostolique et science certaine, toutes et chacune des indulgences concédées à cause de la dévotion particulière au bienheureux saint Jacques, afin que l’église compostellane puisse bénéficier de célébrer son jubilé de la même manière et forme que l’église de Rome »

Il ne reste de cette fausse bulle que deux copies, dont une du XIVe siècle. Il se trouve qu’en 1318, le Français Béranger de Landore fut nommé archevêque de Compostelle par le pape, mais il mit quatre ans à pouvoir prendre possession de son siège qui lui était disputé par un compétiteur galicien. En 1322 seulement, Béranger put «célébrer avec une grande dévotion sa première messe solennelle sur l’autel du très saint apôtre». Or, il se trouve que, cette année 1322, le 25 juillet tombait un dimanche. Il apparaît donc comme très plausible que Béranger ait été le fondateur de cette première année jubilaire à Compostelle. Il aurait ainsi perpétué le souvenir de ce dimanche faste 25 juillet 1322 en étant certain d’attirer, de tout le monde chrétien, des pèlerins dans sa cathédrale.
Les premiers textes à reparler de cette année jubilaire datent ensuite de 1434.

 

Aujourd’hui, l’année sainte commence par un acte liturgique : l'ouverture de la Porte Sainte par l'archevêque, le 31 décembre à minuit.
L’indulgence plénière est accordée, sous ces conditions :
- visiter la cathédrale et faire une prière comme Notre Père et le Credo.
- Prier pour les intentions du pape
- Recevoir les sacrements de la confession et la communion

 

* les années saintes du XXe siècle ont été les suivantes :
1909 - 1915 - 1920 - 1926 - 1937 - 1943 - 1948 - 1954 - 1965 - 1971 - 1976 - 1982 - 1993 - 1999
2004 et 2010 ont été les premières années saintes du XXIe siècle.
La prochaine n'étant qu'en 2021, le gouvernement de Galice s'ingénie à organiser des événements qui maintienne l'intérêt pour Compostelle dans ce long intervalle : célébration du pèlerinage imaginaire de saint François en 2014, Rencontre mondiale des associations en 2015.


Denise Péricard-Méa

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