Accueil mise à jour le 10 septembre, 2005 Connaître saint Jacques. Comprendre Compostelle. survol du site Page précédente
 

De mauvais jours s'en viennent.

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Pendant que nous parlons d'hospitaliers, de championnats du monde, d'ampoules et autres histoires de bobonnes, etc., l'histoire actuelle du Camino prend une autre tournure. Je ne cesserai jamais de le dire : nous finirons avec un magnifique réseau d'auberges sur le Chemin de Rien du tout.
On est en train de nous voler le Chemin. Littéralement. Mètre par mètre, pierre par pierre, village par village.
Un peu d'histoire : en 1996, une équipe dirigée par l'architecte Jesús Arsenio Díaz a récupéré et sauvé le très ancien Chemin qui longeait l'Oribio, de Samos à Sarria. C'était un rêve qu'Elias Valiña n'avait jamais pu réaliser. Ce travail (de même que le reste de la récupération du Camino francés en Galice) leur a valu le prix Europa Nostra, ainsi que la reconnaissance de cette partie du Chemin par l'Unesco et la Xunta de Galicia. C'est un lieu d'une beauté stupéfiante.
Eh bien, le maire despotique de Samos a asphalté ce chemin et abattu des chênes centenaires. Nos protestations et nos manifestations n'ont servi à rien. De plus, le monde jacquaire nous a abandonnés, trop occupé qu'il était d'hospitalité et de concours de photos.
Revenons en 2002. L'autre jour, les moines de Samos nous ont appelés, angoissés. On a l'intention de créer une zone industrielle juste à côté de chez eux (du tunnel du Chemin jusqu'au monastère). Nous avons déjà présenté nos arguments contre et nous sommes montés aux barricades. C'est la guerre.
Ils veulent transformer Samos en une Manhattan de « corredoira », comme Triacastela. Ce qui est décourageant, c'est que cette zone industrielle n'est conçue que pour deux raisons : loger les hangars d'une carrière voisine et attirer les subventions. La zone s'étendra depuis le tunnel où le Camino traverse la route jusqu'aux murs mêmes du monastère.
L'Unesco n'a-t-il pas désigné le Camino Patrimoine de l'humanité? Certes, mais bientôt, il nous passeront dessus. La zone industrielle se fera, n'en doutez pas, et sur le Camino.
Les premières escarmouches ont déjà eu lieu. Pour l'instant (contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres occasions « glorieuses »), l'ennemi n'a pas réussi à nous mettre le village à dos avec des « Vous êtes contre le progrès! »). Les voisins sont indignés de voir qu'on les prive de la seule terre utile de toute la vallée.
Le gant est jeté et nous sommes en pourparlers avec la Xunta, diverses institutions, le ministère de la culture, l'Unesco. En outre, nous commencerons à informer tous les aubergistes à partir de Villafranca, dans l'espoir qu'ils informeront les pèlerins. Les pauvres moines (qui crèvent de peur) sont reconnaissants de toute manifestation de solidarité. Ayez la bonté de divulguer cette horreur, pour faire honte à « certaines personnes ». Ou nous arrêtons ce massacre, ou rien sur le Chemin ne sera à l'abri. Et si nous perdons, comme c'est probable, au moins nous aurons lutté et personne ne pourra jamais nous dire : « Où étiez-vous lorsqu'ils ont détruit Samos? »

José Antonio de la Riera Défenseur du Camino
un des responsables de la signalisation des chemins en Galice et au Portugal"

 

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