Connaître saint Jacques - Comprendre Compostelle
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Quand le corps de saint Jacques était à Angers

Dans le cadre de la collection Autour de Compostelle, la Fondation et les éditions Atlantica rééditent un ouvrage de 1610 relatif à un corps de saint Jacques à Angers
Réédition en fac-similé, avec en vis-à-vis page à page la transcription en français contemporain avec notes et commentaires.

Quand le corps de saint Jacques était à Angers

Un corps entier de saint Jacques fut conservé à Angers jusqu'en 1870. Son histoire serait ignorée sans le livre écrit en 1610 par Claude Ménard et publié à Angers sous le titre :
« Recherche et avis sur le corps de saint Jacques le Majeur à l'occasion d'un oratoire très ancien du même saint qui est en l'église de Saint-Maurille d'Angers ».

Ce livre, brûlé à Compostelle par le bourreau de la ville lors de sa parution, n’existe plus qu’en deux ou trois exemplaires difficiles d’accès. La Fondation David Parou Saint-Jacques en a préparé une réédition en fac-similé, accompagnée d’une transcription en langage contemporain et de nombreuses notes et commentaires.

Le tombeau de saint Jacques à Angers
Le tombeau de saint Jacques à Angers
Statue de saint Jacques sur le tombeau d'Angers
Statue de saint Jacques sur le tombeau d'Angers

Un livre paru à un moment crucial

Ecrit peu après l’assassinat de Henri IV, ce livre plonge le lecteur dans l’ambiance de guerre civile qui opposait les partisans et les adversaires de Henri III et de Henri IV. Les Angevins étaient majoritairement opposés à l'ancien protestant que fut Henri IV. C’est pourtant un jeune évêque de son parti qui leur fut imposé en la personne de Charles Miron. En conflit avec son Chapitre, partisan de la manière forte vis-à-vis de son clergé et des fidèles, il songea à transférer le siège de la cathédrale dans l’église Saint-Pierre. Ce livre est un vibrant plaidoyer par lequel un jeune angevin de son âge, Claude Ménard, éminent juriste et chercheur, lui apporte son soutien et l’exhorte à reconnaître les reliques de saint Jacques et réhabiliter son tombeau à Angers.
Rappelant l’histoire de la vénération des corps saints dans l’Eglise, il prouve que le siège de la cathédrale primitive était à Saint-Pierre, élevée sur le corps de ce prestigieux martyr. Il n’hésite pas minimiser la légende de Compostelle, qui s’appuie sur des documents qui ne valent pas les traditions du pèlerinage à Saint-Jacques d’Angers. C’est aussi pour lui une manière de contrer les Espagnols, adversaires d’Henri IV. Son récit, très argumenté, s’appuie sur une érudition peu commune. Cependant, il n’est pas pure invention car quelques mentions antérieures et un dessin postérieur prouvent la réalité de la présence d’un tombeau attribué à l’apôtre et des dévotions qui lui étaient rendues.
Déjà en 1583 des fouilles avaient été décidées mais la peste en avait empêché la réalisation. Claude Ménard reprend ce projet mais le souhait de Catherine de Médicis et Louis XIII d’entretenir de bonnes relations avec l’Espagne n’en permet pas l’aboutissement. La présence du tombeau est encore attestée en 1870. Aujourd’hui seule l’histoire peut en témoigner. Denise Péricard-Méa, docteur es-Lettres, spécialiste des cultes et pèlerinages à saint Jacques nous invite à la découvrir.

Actualité et intérêt de cette publication :

En 1987, le Conseil de l’Europe a déclaré les chemins de Compostelle « premier Itinéraire culturel européen ». Peu après, le pape Jean-Paul II y conviait la jeunesse pour les quatrièmes JMJ (Journées Mondiales de la Jeunesse). Un élan nouveau était donné à ce pèlerinage devenu l’objet d’une forte médiatisation qui fausse la perspective historique dans laquelle il se situe. Désormais tout ce qui se rapporte à saint Jacques n’est lu et interprété qu’avec une seule clé de lecture : « être sur le chemin de Compostelle ». Le patrimoine et les traditions propres à des sanctuaires locaux qui se sont développés indépendamment de Compostelle sont délibérément ignorés. Pour les pèlerins contemporains, on invente des chemins qui sont qualifiés d’historiques, oubliant l’histoire locale.
Il est donc important de contribuer à faire redécouvrir une histoire qui s’est développée en France sans liens avec Compostelle. C’est le cas du sanctuaire d’Angers, malheureusement disparu avant que des fouilles n’aient pu être entreprises. L’absence de vestiges ne réduit cependant pas l’intérêt de cet ouvrage qui fera redécouvrir une page de l’histoire locale s’inscrivant dans l’histoire de la France à l’époque difficile des Guerres de Religion. Claude Ménard puise ses arguments dans l’histoire de l’Eglise et chez les auteurs anciens mal connus aujourd’hui. Les nombreuses notes et commentaires accompagnant la transcription permettront au lecteur non spécialisé de pénétrer un peu dans l’érudition d’un homme du XVIIe siècle. En postface une brève monographie du patrimoine immobilier lié à saint Jacques en Anjou donnera un autre regard sur cet héritage culturel et incitera à le revisiter avec un œil neuf.


A qui s’adresse cet ouvrage ?

Cette réédition vise des publics cultivés et curieux d’Angers et de sa région :

- les personnes intéressées à l’histoire locale et au patrimoine,
- les enseignants et étudiants qui y trouveront matière à des recherches car l’érudition de Claude Ménard est vaste et ouvre sur de très nombreux sujets,
- les plus curieux des pèlerins de Compostelle,
- les aménageurs et responsables du tourisme.

Bien que centré sur Angers, il intéressera aussi les passionnés d’histoire de France et de l’Eglise. Il replongera les uns et les autres dans l’atmosphère du drame national des Guerres de Religion. Il ouvrira la réflexion sur la réalité du pèlerinage à Compostelle.

L'auteur : Claude Ménard

Claude Ménard est né à Saumur en 1574 et est devenu un juriste éminent diplômé de l'université de Toulouse. Revenu à Angers vers 1594 il a exercé la fonction de lieutenant de la prévôté et de conseiller du roi Henri IV. Passionné d'histoire, féru d'Antiquité, sa qualité de chercheur ne lui fut jamais déniée. Ses travaux érudits et ses convictions religieuses l'ont amené à participer aux luttes politiques déclenchées par le roi Henri III lorsqu'il a désigné pour successeur Henri IV, protestant converti. Angers, très catholique, n'a pas accepté la nomination d'un évêque envoyé par Henri III. Ménard l'a soutenu en lui conseillant de transférer le siège de la cathédrale de Saint-Maurice à Saint-Pierre et en appuyant son conseil de preuves historiques rassemblées dans ce livre.


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