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Le premier jubilé jacquaire du XXIe siècle, célébré en 2004, fut accompagné de manifestations culturelles riches en événements. Pablo Nogueira, Docteur en histoire, correspondant de la Fondation en Galice en rend compte ci-dessous. Cette article met en évidence une nouvelle façon d'apprécier le rôle du pèlerinage à Compostelle dans la dynamique européenne apparue au cours d'un colloque tenu à Santiago en mai 2004. La Fondation se réjouit que des travaux de scientifiques espagnols aboutissent à des conclusions semblables aux siennes.
La cathédrale de Compostelle dispose d’une bibliothèque jacquaire Elle a ouvert ses portes le 18 mars 2004 avec un fonds de
3000 ouvrages, dont la plupart proviennent de donations. Ils traitent
différents
thèmes jacquaires tels que l’ordre militaire de Saint-Jacques-de-l’Épée
ou la dimension culturelle du pèlerinage. La bibliothèque a également
recompilé tout ce qui a été publié par la presse
nationale et internationale sur le Chemin de Compostelle. L’accès à ce
nouveau centre d’études était strictement réservé aux
chercheurs. Toutefois, les pèlerins soucieux d’en savoir davantage
sur le phénomène jacquaire peuvent désormais y avoir accès. Au mois de mai 2004, eut lieu l’un des événements les plus
attendus du premier jubilé jacquaire du XXIe siècle : la mise
en place de la nouvelle pèlerine – réplique de l’original
de 1704, qui est en argent et incrustée de pierres précieuses – sur
l’image de saint Jacques qui préside le maître-autel de la
cathédrale. Jaime Espiñeira et son épouse Remedios Sixtos
ont fait don de cette pèlerine au chapitre. Elle a coûté la
modique somme de 48.081 euros et pèse 35 kilos au lieu des 14 de l’original,
afin de mieux résister aux accolades quotidiennes des touristes-pèlerins. L'Europe a fait le chemin de CompostelleA nouveau, au mois de mai 2004, l’un des points les plus épineux
de l’histoire du pèlerinage à Compostelle, à savoir
la répercussion de la découverte des restes mortels attribués à l’apôtre
Jacques dit le Majeur dans l’actuelle capitale galicienne, fut débattu
par des historiens. Víctor Freixanes a comparé l’engouement
du phénomène jacquaire pendant la Reconquista[2],
avec celui qui existe de nos jours pour Internet et souligné que le chemin
est l’unique
source de richesses qui ne s’est pas tarie depuis plus de mille ans. Ramón
Villares s’est interrogé sur l’appropriation du phénomène
jacquaire par le monde politique autonomiste et a parlé « d’invention
scientifique » au moment de l’authentification des restes attribués à l’apôtre
Jacques par l’Eglise au XIXe siècle. Manuel Díaz a insisté sur
les antécédents du mythe jacquaire : cent ans avant la découverte
des soi-disant restes de saint Jacques en 813 par l’ermite Pelayo, on
parlait déjà de la présence du corps de saint Jacques,
en Galice, au Nord-Ouest de l’Espagne. Finalement, Xosé Luís
Barreiro a défendu la thèse qui soutient que l’Europe a
fait ce qu’est aujourd’hui le Chemin de Compostelle, contrairement à l’idée
reçue qui établit que le chemin vers Compostelle est à l’origine
de l’esprit européen. Trois grandes expositions en 2004Dans le cadre du jubilé 2004, trois expositions présentées à Compostelle
par les autorités locales furent dignes d’intérêt.
La première sur saint Jacques et la monarchie hispanique, qui réunit
des œuvres du Musée du Prado et du Patrimoine National, a permis
de suivre le développement de l’iconographie de saint Jacques – passant
du saint Jacques pèlerin au saint Jacques matamore (tueur de Maures[3]) – et
d’apprécier la dévotion royale qui assura l’expansion
urbanistique et culturelle de la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle[4].
La deuxième exposition était centrée sur l’hôpital
royal de Compostelle et l’hospitalité tout au long du chemin[5].
Cet hôpital fut fondé par Isabelle la Catholique et Ferdinand
II d’Aragon au début du XVIe siècle pour accueillir et soigner
les pèlerins malades. Situé sur la Place de l’Obradoiro, à quelques
pas de la cathédrale, l’hôpital disposait d’un potager
où l’on cultivait aussi des plantes médicinales. Cet établissement
d’utilité publique fut toujours réceptif aux dernières
avancées de la médecine et devint l’un des centres hospitaliers
de référence de Galice, avant d’être transformé au
siècle dernier en hôtel luxueux. Quant à la troisième
et dernière exposition d’intérêt, elle mit en évidence
que les reliques furent la raison primordiale qui poussa les pèlerins
d’antan à entreprendre le pèlerinage, d’où la
richesse des matériaux utilisés pour la confection des reliquaires
finement ciselés[6]. La rénovation des anciennes stalles de la cathédraleEn outre, la récupération et restauration in extremis des stalles
en bois de noyer de la cathédrale, conservées au monastère
de Sobrado dos Monxes, dans la province de La Corogne, fut l’un des événements
culturels marquants de l’année jubilaire 2004. Au début
du XVIIe siècle, l’archevêque Juan de San Clemente avait
commandé à Gregorio Español et Juan Davila la construction
de ce chœur en bois à deux étages, composé de 77 fauteuils
de cérémonie et fermé par de hautes clôtures en fer
forgé, pour remplacer le chœur en pierre de taille réalisé,
au Moyen Âge, par le maître d’œuvre Mateo, dans la nef.
Les stalles du haut étaient réservées aux chanoines du
chapitre et à l’archevêque, tandis que celles du bas étaient
destinées au clergé d’un rang inférieur. En 1945,
le chapitre fit retirer le chœur de la nef pour disposer de plus d’espace à l’intérieur
de la cathédrale. Les stalles furent alors transférées à l’église
du monastère des bénédictins de Saint-Jacques-de-Compostelle,
où elles demeurèrent jusqu’en 1971. Cette année-là,
on les déposa au monastère de Sobrado dos Monxes. Cependant, l´humidité du
lieu détériora davantage cette œuvre d’art du premier
baroque espagnol, ornée de grands panneaux sculptés. La restauration
terminée, dont le coût atteignit les 500.000 euros, le chœur
en bois de noyer de la cathédrale fut présenté au public
le 25 juillet 2004, jour de la fête de l’Apôtre, dans l’église
du monastère bénédictin de San Martín Pinario de
Compostelle, où il est dorénavant conservé en tant que
chef-d’œuvre du patrimoine artistique de Galice.
SEPTEMBRE 2006 [1] Voir notre article sur ce même site : « Les
réfections de
la cathédrale de Compostelle pour l’année jubilaire 2004 »,
février 2004. |
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